L'USS Kearsage, un porte-hélicoptères, l'USS Ponce, un navire amphibie de l'US Navy capable d'embarquer 2000 marines, et l'USS Barry, un contre-torpilleur, seront aujourd'hui dans les eaux libyennes. C'est pour participer, selon le secrétaire à la Défense, Robert Gates à des opérations d'évacuation et de soutien humanitaires qui n'excluent aucune option, y compris une intervention militaire même « s'il n'y a pas un consensus à l'Otan pour le recours à la force ». C'est pour maintenir une pression économique et militaire sur Kadhafi jusqu'à ce qu'il parte», déclare à la chaîne ABC, Susan Rice, représentante permanente des Etats-Unis aux Nations unies. Les « collaborateurs » de Barack Obama redoutent une chose : le risque d'une guerre civile au cas où Kadhafi, dont les forces tentent de reprendre des zones tombées aux mains d'insurgés, refuserait de se retirer. Le sénat américain qui ne désespère pas de mettre la Libye-en tant qu'espace stratégique et sous-sol pétrolifère-sous influence anglo-saxonne seulement, presse le Conseil de sécurité d'instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour empêcher tout bombardement des civils et tout renfort de mercenaires par les airs. Comme il l'a fait en Irak en 1991 et en ex-Yougoslavie en 1992. « Extraordinairement compliquée à mettre en place », note le plus haut gradé américain Mike Mullen. « Elle nécessite la destruction préalable des défenses anti-aériennes du pays », dit-il. A l'Otan, l'option d'une intervention militaire avancée par Washington et Londres qui pourraient contourner et l'ONU et l'Otan, comme ils l'ont fait en 2003 en Irak, suscite des réticences. Paris, Rome et Ankara s'y opposent. « Je ne sais quelle serait la réaction de la rue arabe si on voyait les forces de l'Otan débarquer sur un territoire du sud méditerranéen », déclare à Bruxelles, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères. « L'Otan n'a rien à faire là-bas. L'Otan ne peut uniquement intervenir militairement lorsqu'un pays allié est attaqué », rappelle le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Selon les analystes, tout plaide pour une zone d'exclusion aérienne, malgré la complexité et la lourdeur des moyens à mettre en œuvre. Comme le déploiement d'avions de surveillance de type Awacs et des avions de chasse en Italie pour repérer les vols suspects et réaliser les interceptions, des ravitailleurs, radars etc. Certains estiment que Washington et Londres pourraient contourner et l'ONU et l'Otan, comme ils l'ont fait en 2003 en Irak. KADHAFI PROMET DES MILLIERS DE MORTS Kadhafi qui se retrouvera sans doute aucun sur la liste de Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale, des personnes à interroger sur les crimes commis en Libye, nomme deux nouveaux ministres à l'Intérieur et la Justice après le ralliement des anciens titulaires à l'insurrection, envoie ses avions bombarder la ville rebelle libyenne d'Ajdabiya (au nord-est) et reprendre le contrôle d'installations pétrolières à Brega, dans l'est du pays. Pour la troisième fois en une semaine, il a réfuté toute manifestation chez lui, a imputé la responsabilité de l'insurrection Al-Qaïda et affirmé qu'il combattra jusqu'à la dernière goute de son sang. Sûr de lui, le dirigeant libyen multiplie les mises en garde. Contre une intervention militaire étrangère. «Des milliers de Libyens mourront en cas d'intervention de l'Amérique ou de l'Otan», dit-il demandant au Conseil de sécurité qui a adopté le 26 février à l'unanimité une résolution contre lui et les siens d'« envoyer une commission d'enquête pour élucider les circonstances dans lesquelles des civils et des policiers sont morts». L'opposition, maître d'une partie de l'est du pays, qui sait que Kadhafi pourrait compter sur ses 15 000 et 20 000 hommes à Tripoli et 10 000 à Syrte, demande aux Nations unies, au 16e jour de l'insurrection, d'autoriser des frappes aériennes sur les mercenaires qui combattent aux côtés de l'auteur du Livre vert avant que les « avions » des loyalistes ne fassent des carnages. « Nous appelons à des frappes précises sur ces fiefs et les forces de mercenaires », déclare le porte-parole des dissidents, Abdel Hafiz Ghoqa précisant que ces derniers venaient du Niger, du Mali et du Kenya. «Dans les années à venir, la Libye peut devenir une démocratie pacifique ou affronter une guerre civile, voire descendre dans le chaos », affirme Hillary Clinton.