La plupart des Tunisiens réclamaient le départ de Mohamed El-Ghannouchi. Encore une fois, on a répondu à leur appel. El-Ghannouchi avait conduit deux gouvernements de transition successifs. Après la chute de Ben Ali. M. Beji Caïd Essebsi est le 3e Premier ministre en place depuis le 28 mai. Vraisemblablement, il semble être l'homme de la situation aux yeux des Tunisiens, et notamment ceux qui investissent chaque jour la place du Gouvernement, à la Kasbah. Pour preuve, les centaines de Tunisiens rassemblés hier au niveau du siège du gouvernement ont fait la fête dans la soirée et ont assuré être satisfaits tout en suspendant les sit-in. Alors qu'au niveau de l'esplanade du stade d'El-Menzeh, “les pro-Ghannouchi” issus de la classe bourgeoise continuent, jusqu'à hier soir, à se rassembler pour faire passer leur message : cesser de parler au nom du peuple, respecter les avis divergents et surtout aller de l'avant pour reconstruire le pays sur des bases solides. Dans son discours de jeudi, le président par intérim, M. Mebazaâ, s'est exprimé au peuple tunisien en disant : “Nous proclamons aujourd'hui l'entrée dans une nouvelle ère (…) dans le cadre d'un système politique nouveau qui rompt définitivement avec le régime déchu.” Il a en outre annoncé implicitement la dissolution de l'actuelle Constitution qui “ne répond plus aux aspirations du peuple après la révolution” du 14 janvier (la chute et la fuite de Zine El-Abidine Ben Ali) et “constitue un obstacle à des élections transparentes”. Il a déclaré que la nouvelle loi suprême devra être “le miroir des aspirations du peuple et des principes de la révolution”. Acculé par la pression de la rue, le président M. Mebazaâ a annoncé que les Tunisiens éliront le 24 juillet une Assemblée constituante. L'actuelle Constitution “ne répond plus aux aspirations du peuple après la révolution” du 14 janvier, qui a mené à la chute du président Ben Ali, et elle “constitue un obstacle à des élections transparentes”, a-t-il estimé. Son mandat et celui du gouvernement de transition prendront fin le jour de l'élection de la Constituante, a-t-il précisé. En vue de l'élection de la Constituante, a expliqué le président, “un système électoral spécial” sera préparé “au plus tard avant la fin du mois de mars” par la “Haute commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique”. Le texte électoral fera “l'objet de consultations dans le cadre du Conseil” de la Haute commission, formé de personnalités, de représentants des partis politiques et des organisations de la société civile “qui ont participé à la révolution ou l'ont soutenue”. Le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique, parti de Ben Ali), est exclu de la partie. Il est actuellement suspendu et devrait être dissous par voie de justice. Un nouveau gouvernement sera alors désigné après l'élection d'une Assemblée constituante. Cependant, le président par intérim a exhorté les Tunisiens à “se remettre au travail” au moment où l'économie subit les incidences des troubles ayant émaillé le soulèvement populaire qui a conduit à la fuite de Ben Ali.