Ils appellent à la constitution d'une coordination des collectifs des étudiants autonomes afin de maintenir la pression. Ils ont également dénoncé les adhérents des organisations “satellites”, à l'image de l'Unea, l'Ugel et l'Onga, qui tentent de casser leur grève en usant de la violence. Des milliers d'étudiants, venus de plusieurs universités, facultés, instituts et grandes écoles, ont observé, jeudi dernier, un sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur à Ben Aknoun, Alger. Le portail du ministère était complètement recouvert de banderoles et de pancartes des étudiants en colère : “L'université en crise” ; “Nous voulons une université de qualité” ; “Les étudiants piégés et nos droits sont bafoués”. La grogne des étudiants ne cesse de se propager atteignant presque tous les établissements d'enseignement supérieur. Les étudiants réclament tous les mêmes revendications à quelques détails près, à savoir le rétablissement de la véritable place de la licence et autres diplômes, l'ouverture de postes supplémentaires au niveau du magistère, conformément au nombre d'étudiants de la faculté. De leur côté, les étudiants de l'Ecole supérieure de commerce ont exprimé leur “mécontentement et leur déception” du système LMD qui a contribué, selon eux, à “la dégradation du classement de l'école dans la Fonction publique causant sa régression de l'échelle 13 à l'échelle 11”. Quant à la faculté de Bouzaréah, ses étudiants réclament une sécurité renforcée dans l'enceinte de la fac. “Cette affaire d'agression est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Nous réclamons également l'amélioration des conditions sociopédagogiques, la facilité pour les étudiants en LMD d'accéder au mastère et la possibilité à ceux de l'ancien système de s'inscrire en magistère”, souligne Mounir, étudiant de la faculté de Bouzaréah. Plus que cela, ils disent même vouloir ouvrir des débats sur l'université et la place du savoir dans notre pays, afin d'arriver à une véritable réforme et que l'étudiant retrouve son statut dans notre société. “L'université est devenue une véritable prison pour les étudiants qui se trouvent piégés entre l'administration et les organisations satellites”, s'indigne Bilal, de l'université de Dély-Ibrahim. D'autres étudiants estiment que les nouveaux diplômés sont devenus des chômeurs potentiels sans que cela inquiète personne. “Nous sommes fatigués des solutions de replâtrage. Nos revendications ne consistent pas en l'annulation du décret n°10-315, qui est très important, mais cela ne changera rien au niveau de l'université qui est en chute libre. Elle a perdu de son prestige et est détournée de ses premières missions, à savoir dispenser le savoir et un lieu de débat”, explique Farid A., du département de langue française de Bouzaréah. “Sommes-nous aussi inutiles dans notre société pour que la session parlementaire ignore carrément le malaise des étudiants”, réplique de son côté Tassadit B., de l'INPS. Les étudiants maintiennent la pression sur le ministère de l'Enseignement supérieur jusqu'à l'ouverture du dialogue avec les véritables représentants des étudiants. Afin de poursuivre leur mouvement, ils appellent à la constitution d'une coordination des collectifs étudiants autonomes (CCEA). Ils s'organisent et menacent de durcir leur mouvement dans le cas où le gouvernement persisterait dans sa démarche. Certains parlent de rassemblement devant la Présidence, d'autres évoquent la marche ou la grève de la faim. Enfin, “la décision sera prise ensemble et au moment opportun”, disent-ils. Les étudiants n'ont pas manqué de dénoncer les organisations “satellites”, à l'image de l'Unea, l'Ugel, l'Onga qui tentent de casser leur grève en usant de la violence, comme ce fut le cas à l'ENS de Bouzaréah, où une vingtaine d'adhérents de ces organisations ont attaqué, jeudi dernier, les étudiants qui occupaient l'école H24 provocant ainsi des échauffourées entre étudiants. Les collectifs des étudiants autonomes les qualifient de “terroristes tout comme certains médias” et disent qu'“ils ne veulent plus d'eux dans leurs établissements”.