L'université algérienne est en pleine ébullition. Des mouvements de grève sont initiés à travers les facultés du territoire national et les grandes écoles. A cet effet, une réunion est prévue aujourd'hui entre le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, et les recteurs des universités algériennes. Côté étudiants, ceux des grandes écoles supérieures ne décolèrent pas. Ils comptent poursuivre leur mouvement de grève pour protester conte le décret 10/315 qui met ces étudiants sur le même pied d'égalité que les autres étudiants des universités algériennes. Pis, les étudiants des grandes écoles se sentent lésés puisque leur diplôme est dévalorisé. Hier encore, des milliers d'étudiants ont tenu un sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour réclamer l'annulation du décret et d'autres revendications. Après le sit-in initié il y a quelques jours déjà pour le même motif, les étudiants se sont organisés et ont créé une coordination appelée Coordination des écoles supérieures qui compte à son actif huit grandes écoles supérieures. Il s'agit, entre autres, de l'ESI, l'Epau, l'ENP, l'Enssmal, l'Ensa, l'ENV, l'ENSTP et l'Enssea. Amirouche, étudiant à l'école supérieure des travaux publics de Kouba, déclare : «Nous sommes en grève illimitée depuis plus de deux semaines maintenant, et nous allons continuer notre débrayage jusqu'à satisfaction totale de nos revendications, car elles sont légitimes. Le ministre en personne l'a reconnu.» Il ajoute : «Nous occupons nos écoles depuis deux semaines. Nous avons gelé les examens et les cours et allons nous battre pour nos revendications. Nous voulons une revalorisation de l'ingénieur d'Etat par l'annulation de ce décret de la honte, la revalorisation du diplôme de DEA, mais surtout le recrutement des étudiants ayant soutenu une thèse de magistère. Car il faut savoir qu'un magistère n'a pas le droit d'être recruté avant son inscription en doctorat, ce qui est injuste.» Hier, au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, des milliers d'étudiants ont répondu à l'appel de la coordination, et ce, malgré le bouclage du périmètre de cette institution par les brigades antiémeutes. «Nous sommes bien organisés. Nous ne sommes pas des voyous pour être accueillis par la police», ont crié les étudiants à l'arrivée d'un autre convoi de policiers. Le ministère a proposé aux étudiants grévistes une rencontre et d'ouvrir un débat pour le dialogue autour de leurs revendications. Ce que les étudiants ont accepté, mais avec une condition : «Nous sommes d'accord pour le dialogue, mais ce qui est scellé et non négociable, c'est l'annulation du décret de la honte», a insisté Khaled. Une autre coordination nationale regroupant 16 universités du pays a été mise sur pied pour soutenir leurs camarades des grandes écoles et pour défendre leurs propres revendications.