Saïd Sadi a échappé, hier, à un lynchage en règle quand, arrivé à El-Madania pour prendre part à la marche de la CNCD, il a été encerclé par un groupe de jeunes mobilisés pour chahuter cette manifestation. Dans un témoignage fait, hier, au journal électronique DNA Algérie, le président du RCD a ouvertement accusé les policiers de l'avoir livré aux baltaguia. “Ce qui s'est passé est un véritable traquenard. Un acte politique très grave”, a-t-il dénoncé. “Alors que j'étais à 150 mètres de la Place, les flics ont vite fait de signaler ma présence par talkie-walkie. “Il vient d'arriver”, disaient-ils. À peine descendu de ma voiture, je suis encerclé par un groupe de personnes, peut-être une quarantaine, des baltaguia, qui profèrent des insultes à mon endroit. Ce sont les flics eux-mêmes qui ont rameuté les baltaguia. Je les entendais crier : “Dégage, sale Kabyle”, “Sale Juif”. “Retourne chez toi, à Tizi Ouzou” ou “À mort Sadi”. Les policiers ont fait un cordon autour de moi pour que je sois livré aux voyous”, raconte Saïd Sadi avant d'ajouter : “Dans la cohue, j'aperçois un jeune, un couteau à la main, qui fait un geste de m'asséner un coup. Je lève mon bras gauche instinctivement. La lame de son couteau me blesse légèrement aux doigts. J'ai pu voir un autre baltagui, un sabre à la main, se ruer sur un manifestant qui était à terre. Ce dernier a été heureusement secouru par d'autres personnes. Pendant ce temps-là, les policiers étaient restés impassibles. Ils laissaient faire les agresseurs. Visiblement, ils avaient reçu des instructions pour me livrer au lynchage de la foule de voyous qui ont été ramenés en renfort.” À souligner que le président du RCD s'est rendu sur les lieux de la manifestation sans ses gardes du corps. “J'ai congédié depuis une semaine les hommes qui assuraient ma protection, dont certains sont des proches qui sont avec moi depuis des années. Il y a une semaine, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a voulu changer les personnes qui assurent ma protection en choisissant elle-même les éléments. J'ai refusé”, explique-t-il.