Le réalisateur donne encore rendez-vous aux cinéphiles avertis de Tizi Ouzou le jeudi 17 mars avec, à l'affiche, un beau film japonais en noir et blanc intitulé l'Île nue, de Kaneto Shindo. C'est désormais officiel, le cinéclub est de retour à Tizi Ouzou, et ce, après une véritable traversée du désert qui aura duré plusieurs années. En tout cas, la maison de la culture Mouloud-Mammeri et l'entreprise cinématographique Citel Images, que dirige le cinéaste algérien bien connu Ali Mouzaoui, auront réussi une grande première, mercredi dernier, en inaugurant ce nouveau cycle du ciné-club dans la ville des Genêts en proposant aux mordus du septième art un véritable chef-d'œuvre cinématographique que le film Urga, du cinéaste russe Nikita Mikhaïlov. Il faut dire qu'Ali Mouzaoui et toute son équipe ont placé la barre assez haut pour cette grande première avec la programmation d'un film qui a obtenu le Lion d'or de la Mostra de Venise en 1991 et le Prix du meilleur film européen de la même année. Un public restreint et raffiné, une ambiance feutrée et très conviviale et des débats assez riches auront marqué cette première séance, surtout que Urga est une très belle histoire de Gombo, un paysan mongol, qui vivait paisiblement dans une yourte avec sa femme Pagma et ses deux enfants, avant de faire connaissance d'un camionneur russe nommé Serguei, qui bouleversera toute leur harmonie familiale. Même si les dialogues étaient en russe et que le sous-titrage était en anglais, le public présent aura aisément appréhendé la trame du récit et perçu le message portant entre la stabilité d'une famille paysanne mongole et le modernisme d'un citadin russe qui viendra bousculer toute une tradition, jusqu'à mettre en péril toute une cellule familiale déchirée par les tentations et les vices des grandes métropoles russes. “Notre initiative est de récupérer des espaces perdus et de permettre à des gens biens de sortir de chez eux et de se retrouver dans un cadre de culture en appréciant un beau film et de le décortiquer avec beaucoup de doigté, de communion et de convivialité”, nous dira le réalisateur Ali Mouzaoui. Il s'est proposé d'animer avec toute une équipe, dont l'artiste peintre Hocine Haroun, ses premières séances de cinéclub qui se renouvelleront tous les quinze jours, soit un jeudi sur deux, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri. “Notre objectif est d'encourager des gens à sortir en famille pour venir voir des films de qualité et débattre de tous les problèmes de société et d'identité qui se posent à nous et des phénomènes mondiaux qui bouleversent de plus en plus notre planète. Personnellement, j'ai mis la main à la pâte pour lancer ce cinéclub en tant que formateur mais j'espère que d'autre personnes vont prendre progressivement le relais pour replanter le beau décor du cinéclub à Tizi-Ouzou, une ville où les gens aiment beaucoup le cinéma”, ajoutera Ali Mouzaoui. Il donne encore rendez-vous aux cinéphiles avertis de Tizi Ouzou le jeudi 17 mars avec, à l'affiche, un beau film japonais en noir et blanc intitulé l'Île nue, de Kaneto Shindo.