L'écrivain, essayiste et journaliste, Hamid Grine, a été, samedi, l'invité de marque de Ballade littéraire de Béjaïa. Un cadre, né de la scission avec le Café littéraire. Le problème. Les activités des deux cercles se chevauchent alors qu'elles gagneraient à être décalées pour permettre au plus grand nombre d'y prendre part. C'était le cas, samedi dernier. La Ballade littéraire, qui officie tous les premiers samedis du mois au Théâtre régional de Béjaïa, a vu la participation de quelque 40 personnes dont beaucoup de femmes. Il faut dire que le TRB s'y prêtait à merveille. Hamid Grine était dans son élément. À l'aise dans ses trois postures : d'écrivain, d'essayiste et de journaliste. Cependant, s'il avait à choisir, il opterait volontiers pour la posture du romancier. Et pour cause ! L'essai, un article ou une chronique, exige de la rigueur mais aussi des recherches. “Le plus facile pour moi, c'est la posture du romancier.” Il explique à son auditoire que ses œuvres, Comme des ombres furtives, Chronique d'une élection pas comme les autres ou Il ne fera pas long feu , le Café de Gide, étaient dans sa tête avant d'être accouchées sur papier. L'espace et l'ambiance, qui régnaient dans un théâtre mythique, malgré le froid — les chauffages étaient en réparation —, la qualité du public, ont beaucoup influé sur Hamid Grine, qui s'est aisément livré, voire transcendé. Il a évoqué ses origines, sa famille, ses rapports à ses parents, viscéralement attaché à la mère dont il n'a toujours pas fait le deuil, à son père, à Biskra dont sont originaire ses parents, Alger, le journalisme, l'exil marocain, ses moments de gloire mais aussi de doute. Il a d'emblée commencé par parler de ses débuts dans le journalisme dans la rubrique sportive. Ce qui l'amènera à écrire sept livres sportifs dont Lakhdar Belloumi, un footballeur algérien. Un best-seller avec les 20 000 exemplaires vendus. Après Octobre 1988, Hamid n'a pas été emballé par l'aventure intellectuelle et a été contraint ensuite à l'exil, à l'instar de nombreux intellectuels algériens. Pour être proche de son Algérie natale, il choisi – comme le défunt Rachid Mimouni – le Maroc. Où il exercera en tant que journaliste. Mais au royaume chérifien, la méritocratie est récompensée. Il accédera rapidement aux responsabilités. “Ce n'est pas le cas chez nous”, a-t-il regretté. “Le problème de la presse, tu as quatre ou cinq qui sont bien gérés dans les normes. L'argent gagné n'est pas réinvesti soit dans la formation des journalistes ou dans l'acquisition de moyens de production ou dans les locaux. Vous voyez des patrons s'enrichir et roulant en 4x4 alors que les journalistes s'entassent à 10 ou à 12 dans de minuscules appartements. Plus grave, il y a des patrons de presse, qui n'ont pas le niveau requis. Ce sont des journaux qu'on maintient artificiellement en vie à coup de publicité publique. D'ailleurs, si mon fils à l'intention d'exercer ce métier, je ferai en sorte de l'en dissuader.” En matière d'écriture de roman et d'essai, c'est en 2004 que Hamid Grine change de registre. Il publie Comme des ombres furtives, chez Casbah Editions. Une série de portraits. Il enchaîne par un essai de communication politique. Chronique d'une élection pas comme les autres, qui évoque les élections présidentielles de 2004.