Le RCD estime que “le combat est plus que jamais inscrit dans la rue” et “relayé par les internautes et les rares médias qui continuent, malgré les entraves et les menaces, à éclairer l'opinion publique avec un courage et une compétence qui les honorent”. Pour protester contre l'apathie de l'institution parlementaire face aux “drames” vécus par le pays depuis les émeutes de début janvier, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a décidé de mettre en veilleuse ses activités parlementaires. “Le RCD a décidé de suspendre ses activités parlementaires jusqu'à ce que les conditions d'une transmission fidèle des interventions des députés soient garanties”, a annoncé le groupe parlementaire du RCD dans un communiqué rendu public hier. “Depuis le mois de janvier 2011, le pays a connu des émeutes ayant engendré des morts et de nombreux blessés. Des personnes désespérées se sont immolées, des manifestations pacifiques sont régulièrement réprimées et interdites, les médias publics inféodés au pouvoir s'adonnent en toute impunité au lynchage raciste et à la diffamation éhontée de l'opposition. Les parlementaires sont agressés par les services de sécurité et le 5 mars 2011, l'irréparable a failli se produire quand le président du RCD, également député, s'est vu asséner un coup de couteau devant des dizaines de policiers imperturbables (…) Le parlement n'a ni vu ni entendu ces drames. Il continue à assumer son indignité en avalant les ordonnances (présidentielles, ndlr) les unes après les autres”, constate le parti de Saïd Sadi avant de s'indigner : “La servilité traditionnelle du Parlement est désormais doublée d'une complicité active puisque c'est l'institution parlementaire elle-même qui demande à ne pas débattre des drames et périls qui pèsent sur l'Algérie.” Pour le RCD, “la tentative d'assassinat” dont a fait l'objet son président “pose une nouvelle donne politique dans le pays”. Surtout que, quelques jours avant son agression, Saïd Sadi a dû renoncer à sa garde rapprochée après que la DGSN ait voulu remplacer les agents chargés de sa protection par de nouveaux éléments choisis par elle-même. Après avoir rappelé les raisons qui l'ont amené à siéger dans un parlement entaché de fraude électorale, à savoir “porter devant l'opinion nationale et internationale les revendications des citoyens et dénoncer une gestion politique et économique marquée par l'arbitraire et la corruption”, le RCD estime qu'aujourd'hui “le combat est plus que jamais inscrit dans la rue” et “relayé par les internautes et les rares médias qui continuent, malgré les entraves et les menaces, à éclairer l'opinion publique avec un courage et une compétence qui les honorent”. Tout en s'élevant contre “l'acharnement à semer la haine et la division” qui est “un signe de grande peur d'un pouvoir sans courage ni imagination”, le RCD a rappelé qu'“il y a trente ans de cela, le même pouvoir accusait les mêmes acteurs d'être à la solde de la CIA et du Sdece et d'avoir brûlé le drapeau et le Coran pour essayer de discréditer le printemps berbère”. Et de souligner que “c'est ce printemps qui, brisant pour la première fois la peur, a induit les manifestations de Constantine et de l'Oranie en 1986, maillons des luttes qui ont mené à octobre 1988”. “Reproduire les mêmes accusations et les mêmes manœuvres en 2011 relève de l'aveuglement”, conclut le groupe parlementaire du parti de Saïd Sadi qui promet que “notre pays se construira dans la fraternité, la justice et la liberté”.