L'ambassade d'Espagne en Algérie et l'Institut Cervantes ont organisé, samedi, en fin d'après-midi, une conférence intitulée “La femme dans le journalisme”, au siège de l'institut, à Alger. Cette rencontre, initiée à l'occasion de la Journée internationale de la femme, a été animée par trois journalistes algériennes exerçant à l'ENTV, l'APS et Canal Algérie, sur proposition du club de l'UNFA, et deux journalistes espagnoles, titulaires du mastère en journalisme du quotidien El Pais et collaborant dans la presse, la radio ou certaines chaînes télévisées. Dans leurs interventions, les journalistes algériennes ont révélé que beaucoup de femmes ont rejoint le monde des médias, particulièrement ces dernières années. Selon Naïma Terkache, journaliste à l'APS, le métier de journaliste en Algérie “n'est pas facile” pour une femme. Elle a, cependant, reconnu que “c'est un métier qui forge la personnalité” et a constitué “un défi” pour la femme. De son côté, Khalida Anad, rédactrice-reporter à Canal Algérie, a fait part de sa propre expérience. Géologue de formation, cette dernière a atterri dans la profession dans les années 2000, d'abord au quotidien Le Jeune indépendant et ensuite à la chaîne Canal Algérie. “C'est un métier que j'ai appris à connaître et à aimer”, a-t-elle indiqué. Elle a également noté qu'à la TV, elle a découvert “une tout autre mentalité”, car “c'est plus étatique” et “c'est la voix officielle”. D'après la consœur, le travail à la télévision comporte une “difficulté de terrain”, car “la société n'accepte pas la femme sur le terrain”, ainsi que le problème de “communication” avec les équipes techniques, pratiquement composées d'hommes. “Dans certains endroits, il est plus difficile de mener son travail avec une caméra qu'avec son stylo”, précisera-t-elle plus tard, rapportant le cas d'une journaliste agressée dans un quartier. Dans leurs témoignages, les oratrices algériennes ont mis en exergue l'absence de différence dans les salaires entre les hommes et les femmes, chose qui a “impressionné” les animatrices espagnoles. Inés Garcia Albi, auteure de Nosotras que contamos. Mujeres periodistas en el siglo XX, (Plaza & Janés, 2007), a affirmé qu'à la radio et à la TV, beaucoup de femmes sont payées à moins de 1 500 euros et seuls 9% des femmes perçoivent un salaire de 2 000 euros. Quant à Edurne Arbeloa, envoyée spéciale de Noticias Cuatro pour couvrir la catastrophe de Haïti, la crise du peuple sahraoui et l'arrivée du bateau espagnol Alakrana aux Seychelles, elle a confié que près de 12% de femmes occupent des postes de responsabilité dans le milieu journalistique, non sans aborder certains “paradoxes”. Outre la discrimination salariale et l'exclusion de la prise de décision, elle a remarqué que ce sont les hommes qui “voyagent le plus”, bénéficiant ainsi de missions à l'étranger, alors que leurs collègues femmes ont prouvé qu'elles “ont plus de facilité à obtenir des informations”. L'ex-reporter-rédactrice internationale de CNN+ a aussi fait part de l'existence d'une “situation trop masculine”, confirmant que “d'autres batailles doivent être gagnées” pour la reconnaissance de la place réelle de la femme.