Le secrétaire général de ce tout nouveau venu sur la scène politique nationale qu'est l'Union pour la démocratie pour la République (UDR), Amara Benyounès, semble avoir les yeux plus que jamais rivés sur la prochaine élection présidentielle. Et pour cause, lors de sa conférence de presse animée, hier, à la salle des conférences de l'UGTA, cette question a accaparé une part de lion. Sans ambages, il affirme que “l'UDR ambitionne à jouer un rôle actif à l'occasion de la prochaine échéance de la présidentielle pour mettre celle-ci au profit du processus de démocratisation”. Mais, le contexte d'aujourd'hui marqué par une guerre au sein du FLN semble révulser Amara Benyounès. Pourquoi ? Car “le véritable débat concernant cette échéance est totalement évacué de cette campagne prématurée et qui n'est exclusivement centrée que sur les hommes en lieu et place des projets de société pour le pays”, répond-il. Un tantinet indigné, Amara Benyounès poursuit : “Le microcosme algérois nous somme de choisir entre deux candidats non encore officiellement déclarés. Il a choisi qui est candidat, mais il a surtout décidé qui ne le sera pas.” Ce dernier fait est, à ses yeux, “assez dangereux”. Bouteflika est servi. Aussi, cette “bipolarisation” semble écœurer Benyounès qui regrette avec un air d'impuissance : “Ce débat nous est imposé. Le pouvoir c'est le FLN, l'opposition c'est le FLN. Les jeux sont plus que jamais fermés. Mais, l'ex-parti unique ne peut pas être la solution, puisque c'est lui le problème.” Tout comme il n'a pas manqué de s'indigner du “retour inquiétant des islamistes ces derniers temps”. Ouyahia a de quoi trouver son compte. Benyounès juge urgent de “recentrer le débat” pour se débarrasser de cette contrainte “à choisir entre deux candidats”. Benyounès a dit clairement ne pas voir de “candidat démocrate crédible à même de porter l'alternative démocratique”. Qui est alors cet homme politique à même de représenter ce courant ? Lui ? Ouyahia ? Benyounès ne le dit pas. Autre question qui a été abordée par Amara Benyounès, la crise de Kabylie qu'il dit être une priorité pour son parti. Indirectement Benyounès fait porter le chapeau de l'aggravation de cette crise à Benflis, et à lui seul, en soutenant que “cette crise a été aggravée par les manœuvres et les manipulations du pouvoir, lors du fameux faux dialogue avec de faux délégués”. Quid donc de la responsabilité de Yazid Zerhouni et de celle du président de la République dans la gestion de ce dossier. Pourtant… Aujourd'hui, ce dossier connaît deux nouveautés selon Benyounès : la reconnaissance officielle par le Chef du gouvernement de la légitimité des revendications et la représentativité des délégués et l'acceptation du principe du dialogue par l'Interwilayas. Aussi, pour Benyounès : “Le dialogue pourrait être la solution”. Mais, il reconnaît qu'actuellement, le dialogue est en panne. Du côté du mouvement citoyen, la panne est due à deux de ses principes : l'horizontalité dans le fonctionnement et le consensus dans la prise de décision. Deux principes assimilés par Amara Benyounès à des facteurs de blocage. Il suggère ainsi au mouvement citoyen de revoir ses principes et pourquoi pas son code d'honneur. Aux délégués d'apprécier. Mais, Benyounès ne s'arrêtera pas là. Explicitant davantage sa pensée, il assène : “Tous les délégués partisans se sont opposés au dialogue.” Autrement dit, ils sont la cause de cette panne du dialogue. Se faisant encore plus précis, il ne manquera pas de décocher une flèche à l'adresse du RCD, qu'il a pris toutefois le soin de ne pas nommer. “Certains parlent d'accompagner le mouvement. Mais, ils veulent l'accompagner où ? J'ai peur qu'ils l'accompagnent au cimetière pour s'en débarrasser”, soutient-il. Et d'ajouter : “Le mouvement citoyen est né parce que les partis implantés dans la région sont défaillants.” Du déjà entendu. Mais, il fallait bien que Amara Benyounès fasse figure d'opposant au régime. La panne se situe aussi du côté du pouvoir qui, lui aussi, a eu droit à une leçon de Benyounès : “Il doit prendre un certain nombre de mesures au lieu de rester dans l'expectative.” A. C.