Des taux de radioactivité anormaux ont été signalés, hier, sur du lait et des épinards produits à proximité de la centrale nucléaire de Fukushima, alors que plusieurs pays étrangers contrôlent déjà les produits alimentaires venant du Japon. Des traces d'iode radioactif et de césium ont également été trouvées dans l'eau du robinet à Tokyo et ses environs dans des proportions inférieures aux limites légales. “Ces niveaux de contamination ne sont pas dangereux pour la santé”, a assuré le porte-parole du gouvernement Yukio Edano, en appelant la population à garder son calme. “Même si une personne se mettait à boire du lait contaminé pendant un an, la dose de radiations qu'elle recevrait serait équivalente à celle d'un seul scanner” à l'hôpital, a-t-il dit. Pour les épinards, ce niveau “serait équivalant à un cinquième de la dose reçue lors d'un scanner”, a-t-il ajouté. Cette annonce intervient deux jours après l'ordre donné par le gouvernement aux autorités locales d'effectuer des tests de radioactivité à cause de l'enchaînement d'accidents à la centrale de Fukushima, située à 250 km au nord-est de Tokyo. Pour la première fois au Japon, les autorités ont fixé des seuils légaux pour différents types d'aliments, en fonction de normes internationales et du régime alimentaire nippon. Le ministère de la Santé a ordonné aux autorités locales d'enquêter pour déterminer la provenance précise du lait et des pousses d'épinards contaminés, connaître l'endroit où ils ont été distribués, et en fonction du résultat, stopper les ventes et prendre les mesures appropriées, a dit M. Edano. Sans attendre, le gouverneur de la préfecture d'Ibaraki a demandé aux producteurs d'épinards d'arrêter de les récolter et de stopper les livraisons. “Les épinards absorbent particulièrement bien les radiations, c'est pourquoi j'espère que les enquêtes montreront que les autres produits agricoles ne posent pas de problème”, a déclaré Yukihiro Ebisawa, un responsable des coopératives agricoles de ce département. M. Ebisawa se souvient avec amertume de l'accident dans une usine de retraitement d'uranium à Tokaimura, en 1999. “Nos produits ont été rejetés au-delà de la zone frappée par un embargo, et parfois, même le riz récolté l'année précédente n'a pas trouvé preneur.” Dans le village d'Izumi, à 60 kilomètres de la centrale nucléaire, la laiterie Minami Dairy a “complètement arrêté les livraisons”. Mais son président, Hideki Mukaitsubo, critique le gouvernement quant à l'annonce de la contamination. “Je pense que cette information a été publiée trop rapidement, sans détails sur la méthode utilisée ni aucune assurance nous concernant.” Minami Dairy, qui récolte le lait de plusieurs élevages de la région, a une production de 7 300 tonnes de lait par an pour un chiffre d'affaires d'un milliard de yens (8,75 millions d'euros) par an. Sur Twitter, le blogueur sakuyantg appelle le Premier ministre Naoto Kan à “aller sur le terrain pour manger ces épinards et boire ce lait”, pour lutter contre ces “rumeurs néfastes”. L'opérateur de la centrale nucléaire accidentée, Tepco, a présenté ses excuses et annoncé qu'il était prêt à dédommager les paysans. Sans attendre l'annonce des prélèvements effectués sur le terrain, plusieurs pays étrangers avaient déjà pris des mesures préventives contre les produits alimentaires nippons. Dès lundi, Singapour a annoncé des tests “en raison du risque potentiel de contamination”. En Inde, des examens ont également été mis en place, tandis que les autorités européennes avaient recommandé dès mardi aux Etats membres de l'UE de contrôler la radioactivité des aliments importés du Japon.