La situation restait très critique, hier, au Japon. Un accident nucléaire était en cours dans la centrale de Fukushima. Les autorités japonaises envisageaient désormais d'utiliser un camion-citerne avec canon à eau pour arroser le réacteur 4, a affirmé la chaîne de télévision publique NHK. Selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française, la centrale de Fukushima n'avait pas pris en compte dans sa conception le danger d'une fusion du réacteur. Construite avant la catastrophe de Three Mile Island, aux Etats-Unis, le site japonais suscite de vives inquiétudes.Le gouvernement a décidé d'évacuer temporairement les employés toujours sur le site, dont l'héroïsme a été salué par les médias japonais. Puis l'ordre d'évacuation a été levé. La majeure partie des 800 employés avait déjà été évacuée sur ordre des autorités. Le calme régnait à Tokyo, oùl'activité s'est fortement réduite depuis vendredi. Un nouveau fort séisme s'est produit à la mi-journée à l'est de la capitale, où les immeubles ont longuement tremblé. Et il semblerait que cela ne soit pas terminé. Selon les spécialistes, de nouvelles répliques sont attendues sur l'île. Cela n'arrange pas la situation à la centrale de Fukushima qui semble désormais hors de contrôle.Après les nombreuses explosions, dont certaines ont provoqué des brèches dans l'enceinte de confinement du réacteur n°4, un nouvel incendie s'est déclaré hier soir sur ce réacteur. La radioactivité devenant trop importante sur le site, notamment autour du réacteur n°3, l'opérateur Tepco a demandé l'évacuation provisoire des 180 personnes qui travaillaient encore sur le site pour tenter de faire baisser la température des réacteurs. Une tentative aérienne a alors été envisagée grâce à l'intervention d'hélicoptères chargés de déverser de l'eau sur les réacteurs endommagés afin de refroidir les barres de combustibles qui menacent d'entrer en fusion. Malheureusement, là encore, la trop forte radioactivité mesurée au-dessus du site a empêché les hélicoptères d'approcher la zone.Face à cette situation qui semble désormais incontrôlable, le Premier ministre japonais, Naoto Kan, appelait la population à rester calme. Néanmoins, les informations qui arrivent ne sont pas réjouissantes. En effet, selon l'agence de presse nippone Kyodo, des traces de césium et d'iode auraient été décelées dans le réseau d'approvisionnement en eau de Fukushima. Alors que ses interventions sont plutôt rares, l'empereur du Japon Akihito c‘est adressé hier à son peuple dans une allocution télévisée. «J'espère sincèrement que nous pourrons empêcher la situation d'empirer», a déclaré l'empereur, avant d'ajouter qu'il priait «pour la sécurité du plus grand nombre». Il s'est également déclaré extrêmement «préoccupé» par la «situation imprévisible» que connaît aujourd'hui son pays.Si des mesures d'urgence adéquates semblent avoir été prises en évacuant plus de 200 000 personnes vivant dans un périmètre de 20 km autour de la centrale de Fukushima-Daiichi, les informations sur la réalité de cette radioactivité sont encore trop incertaines. La catastrophe de Tchernobyl de 1986 aurait contaminé plus de 6 millions de personnes et tué, selon certaines estimations, des milliers de victimes. Au moment où nous mettons sous presse, les Japonais restent sous la menace d'une catastrophe nucléaire et de ses conséquences futures. Les cancers et les malformations à la naissance se sont multipliés à Tchernobyl. Le site de Fukushima est, hélas, plus important que la centrale ukrainienne de triste mémoire. A. E.