Si Medvedev n'a pas apprécié les déclarations de Poutine sur l'intervention en Libye, des membres du congrès US ont interpellé Barak Obama sur le même sujet, lui demandant des explications. Annoncés comme des rivaux en vue de l'élection présidentielle russe de 2012, Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev ont rompu leur entente parfaite en s'opposant sur la “croisade” occidentale en Libye. Vladimir Poutine, qui a souligné qu'il exprimait son “avis personnel”, a vertement critiqué lundi la résolution de l'ONU sur l'intervention en Libye qu'il a comparée à “l'appel aux croisades du Moyen-Âge”. Il a dénoncé l'intervention militaire qui devient, selon lui, “une constante” dans la politique des états-Unis après l'ex-Yougoslavie, l'Afghanistan et l'Irak. Medvedev, le jeune président adoubé en 2008 par Vladimir Poutine, qui avait effectué les deux mandats consécutifs autorisés par la Constitution, a aussitôt réagi, jugeant “inadmissible et inacceptable” l'accusation de “croisade” et défendant sa décision de ne pas opposer le veto de Moscou à la résolution de l'ONU. L'évènement a mis en émoi les quotidiens et les autres médias libéraux, qui se sont interrogés sur le sens à donner à cette contradiction inédite au sommet de l'état. C'est la première fois que les deux dirigeants russes affichent un tel désaccord, à un an d'une présidentielle lors de laquelle ils ont toujours dit qu'ils se “mettraient d'accord” sur la candidature la plus opportune. “La question est de savoir s'il s'agit d'une — divergence de style — dont le tandem (Poutine-Medvedev) est coutumier ou si cela exprime des désaccords plus profonds, qui se renforceraient à l'approche des élections”, souligne l'influent quotidien libéral Kommersant. Aux états-Unis, Obama fait également face à la grogne au sein de son propre Congrès. Plusieurs de ses membres l'ont critiqué, lundi, concernant les frappes en Libye, craignant le début d'un conflit interminable et de possibles représailles de Kadhafi. Sur son flanc gauche, le président Obama a été houspillé par le démocrate Michael Honda pour qui ces frappes envoient au monde le message que la démocratie américaine est profondément dysfonctionnelle, car seul le Congrès est habilité à déclarer la guerre par la Constitution américaine. Le Pentagone a agi “en se fondant sur des considérations relatives à la sécurité énergétique, ce qui est particulièrement clair quand on sait que la Libye dispose des septièmes réserves mondiales de pétrole”, a ajouté M. Honda, pour qui “le message est que l'Amérique fait peu cas des droits de l'Homme et de la liberté des peuples dans des pays comme la République démocratique du Congo, l'ouest du Soudan ou la Côte d'Ivoire, qui n'ont pas de ressources énergétiques cruciales”. La représentante républicaine, Candice Miller, membre de la commission de la sécurité intérieure de la Chambre, a également jugé inacceptable qu'Obama ait agi sans avoir obtenu le consentement formel du Congrès, se demandant quel est le but de l'équipée en Libye ? Le sénateur républicain, John Barrasso, a mis en garde contre un engrenage qui pourrait obliger les forces américaines à rester engagées dans le conflit pendant des semaines ou des mois. Et pour enfoncer le clou, la présidente républicaine de la commission des AE de la Chambre, Ileana Ros-Lehtinen, a estimé qu'Obama devait définir clairement quels intérêts vitaux pour la sécurité des Etats-Unis sont en jeu, selon lui, actuellement en Libye. Dans un courrier adressé au président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, et au président provisoire du Sénat, Daniel Inouye, le président Obama a expliqué que l'intervention américaine en Libye est dans l'intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis. “Sans une intervention, l'instabilité croissante en Libye pourrait conduire à une plus grande instabilité au Moyen-Orient, avec des conséquences dangereuses pour les intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis”, a-t-il écrit, soulignant que les opérations contre la défense antiaérienne et les aéroports libyens seront limitées dans leur nature, durée et étendue et qu'elles sont conduites en soutien aux efforts internationaux pour protéger les civils et prévenir une catastrophe humanitaire.