Si elle ne parle pas de “contagion démocratique”, un vocable controversé, Washington n'en considère pas moins que les changements qui sont en cours dans le monde arabe arriveront inéluctablement en Algérie. “La région (arabe, ndlr) traverse une période de grands changements, qui traduit une quête populaire pour plus de liberté, de dignité et d'opportunités (…) L'Algérie n'est pas immunisée contre ce mouvement de changement et les débats sur ce processus qui sont en cours dans le pays en donnent la preuve”. David Pearce, l'ambassadeur américain à Alger, en fin de mission, en est presque convaincu. “Je pense que c'est une décision qui doit être prise non seulement par le gouvernement, mais aussi par le peuple”, a-t-il indiqué jeudi lors d'une conférence de presse animée au siège de l'ambassade à Alger. Seule incertitude pour Washington, la manière dont se ferait ce changement. “La manière dont ce changement a lieu varie en fonction des circonstances de chaque pays”. “Il est normal, toutefois, qu'il y ait des divergences sur la façon de mener le processus, comme dans toute démocratie, mais il faudra gérer ces divergences dans un esprit de tolérance”, a-t-il précisé. “Si on perd le débat politique aujourd'hui, on peut le gagner demain. C'est cela la démocratie. Il faudra être prêt à dialoguer à tout moment”, a-t-il encore dit. Autre précision : “Je ne veux pas faire de prévisions et je ne sais pas à quoi cela ressemblera”. Toutefois, le diplomate s'est montré optimiste quant à l'évolution de la situation en Algérie. “Je suis optimiste (…) Il y a un grand potentiel humain en Algérie. Nous espérons que l'avenir ne peut être que meilleur”. Interrogé sur le contenu de son entrevue avec le président de la République, David Pearce, même en fin de mission, n'a pas sacrifié les usages diplomatiques. “C'est normal, je ne vais pas vous dire ce que j'ai discuté avec le Président. C'était une entrevue pour dire au revoir, mais c'est normal aussi qu'on discute des développements dans la région”, a-t-il dit, avant d'évoquer les récentes déclarations de Williams Burns sur les changements qui s'opèrent dans le monde arabe. “William Burns a dit que les changements reflètent les ambitions des peuples. Elles sont importantes, elles doivent être suivies par les Etats”. De fil en aiguille, il exprime le vœu de son pays de voir d'autres mesures engagées par les autorités algériennes après la levée de l'état d'urgence. “Nous avons salué la levée de l'état d'urgence et nous espérons qu'elle soit suivie par d'autres mesures en faveur du droit au rassemblement, à la liberté d'expression et à l'ouverture de plus d'espace à la société civile”. M. Pearce, dont la mission a consisté au cours des années passées en Algérie à renforcer la coopération dans plusieurs domaines et à privilégier le contact entre responsables, a estimé que l'Algérie est un pays important. “Quand j'ai parlé de l'importance de l'Algérie, ce n'est pas uniquement par la superficie, mais par son influence et son importance dans la région. Elle jouit d'une attention particulière de la part des USA”. Par ailleurs, à une question sur les déclarations de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, à propos du Sahara occidental, M. Pearce a rappelé “qu'elles reflètent la politique habituelle des Etats-Unis”. “Nous avons toujours encouragé les efforts de l'ONU et de son envoyé spécial. Nous encourageons également les parties à dialoguer et à coopérer”. Hillary Clinton avait estimé, mercredi dernier, que le plan d'autonomie marocain est “sérieux, réaliste et crédible”. M. Pearce en poste depuis 2008 devrait rejoindre l'Afghanistan dans les prochains mois. “Mais ce n'est pas à cause de WikiLeaks”, a-t-il dit, en réponse à une question d'un confrère.