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«Obama est en train d'achever l'oeuvre de Bush»
MUSTAPHA SAIDJ, POLITOLOGUE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 20 - 02 - 2011

Enseignant en sciences politiques et relations internationales à l'Université d'Alger, Mustapha Saïdj nous livre, dans cet entretien, son analyse de la situation qui prévaut dans le Monde arabe. M.Saïdj a précisé que ces révoltes incarnent une jeunesse assoiffée de liberté, de démocratie et en quête d'un lendemain meilleur. S'agissant des appels des USA et de l'UE à des transitions démocratiques adressés aux pays arabes, il a indiqué que ces derniers sont ciblés et orientés selon le principe du «deux poids, deux mesures».
Comment qualifiez-vous les rapports peuple-Etat et Etat-peuple dans le Monde arabe?
Les rapports entre les peuples arabes et leurs représentants au pouvoir se sont brisés et totalement fissurés. Aussi, faut-il dire que la fracture qui sépare ces peuples de leurs Etats, s'est encore largement et profondément élargie. Les régimes arabes, en panne de perspectives, sont en fin de règne. Ils n'ont pas su maintenir ou consolider leurs rapports et leurs contacts avec leurs populations, qu'ils ont longuement opprimées et réprimées. Bien au contraire, ils sont complètement coupés de leurs bases, qui attendent d'eux des réponses politiques et démocratiques, à des questions posées, depuis des décennies. C'est dire qu'ils ont préparé la fin tragique de leurs propres mains. La fin dramatique de Ben Ali et Moubarak est un exemple édifiant. Aujourd'hui, ces changements qu'incarne la jeunesse révèlent un besoin de mutation très profond, qui bouillonne au tréfonds de leurs sociétés. Les peuples arabes, qui veulent aujourd'hui se libérer du joug de leurs tyrans et de leurs despotes, expriment une forte volonté qui est soutenue par une action collective revendiquant des changements radicaux Ils veulent s'affranchir des vieux carcans des systèmes dynastiques, monarchiques, tribaux, ethniques et dictatoriaux. Ils veulent ainsi, vivre leur temps; un temps de modernité et de démocratie. D'où, les peuples arabes se sont mis, aujourd'hui, en ordre de bataille. Ils tendent vraisemblablement à transcender leurs clivages pour parvenir à asseoir une société juste et égalitaire.
Les peuples arabes sont-ils réellement en ordre de bataille contre leurs régimes?
En effet, c'est d'ailleurs ce qui explique les foyers de tension qui ont éclaté et se sont étendus à plusieurs pays et monarchies arabes. Ces derniers se propagent avec force et de manière coordonnée, sans qu'il y ait pour autant une discontinuité rythmique des évènements, et ce, grâce au maintien de l'action collective. Les étincelles de révolte, qui jaillissaient par le passé dans le Monde arabe, ont fini par provoquer un incendie. Les soulèvements connus, de par le Monde arabe, pèsent lourdement et conséquemment sur les dictatures imposées. Ces dernières finissent, au regard de l'ampleur des révoltes populaires, par se fragiliser d'elles-mêmes et céder devant les changements que réclament leurs peuples. La chute de Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Egypte, et d'autres qui sont, de plus en plus, menacés de connaître le même sort en est une preuve tangible. Ces régimes n'ont pas été démocratiquement élus. Ils se sont imposés au pouvoir, soit par des coups d'Etat et des élections truquées décidées en haut lieu, soit par voie d'héritage. Les élections qui s'organisent dans les pays arabes servent, uniquement et seulement, à reproduire et maintenir les mêmes systèmes politiques, en place. Cela est observé aussi bien dans les pays maghrébins que dans les pays du Moyen-Orient. Et, pour se faire accepter par leurs peuples ou mystifier leur colère, les systèmes arabes ont presque ou souvent opté pour l'épreuve de la force et de la répression. De telles pratiques conduisent, par voie de conséquence, à la tourmente et aux soulèvements populaires. Les récents événements en Tunisie, en Egypte et ceux en cours au Yémen, en Libye et au Bahreïn, en sont une preuve.
Les révoltes des peuples arabes s'inscrivent-elles dans le cadre de la théorie américaine du «chaos constructeur», mise en place par les USA?
La révolte des peuples arabes contre leurs régimes exprime d'abord le ras-le bol et le refus de ces derniers de continuer à subir la dictature et la tyrannie, imposées au lendemain des indépendances, trahies et confisquées. Puis, il y a cette lecture géostratégique des événements et de leur évolution. C'est là où l'on relèvera la mise en application de la théorie de l'anarchie constructive dans le Monde arabe à la lumière des soulèvements en cours. Une théorie des néoconservateurs américains. Celle-ci a été déjà lancée et mise en marche au Moyen-Orient par Condoleezza Rice, sous l'administration Bush. Elle avait comme objectif de créer des tensions, des crises, voire des guerres pour détruire des systèmes afin de reconstruire et renouveler d'autres, et ce, selon les intérêts géostratégiques arrêtés au préalable. Les guerres en Irak, en Afghanistan, au Liban et les menaces récurrentes à l'égard de l'Iran par les Etats-Unis d'Amérique, soutenus par l'Union européenne, sous l'alibi des armes de destruction massives ou la menace terroriste, sont une autre preuve qui renseigne sur la volonté des USA de tout refaire et reconstruire au Moyen-Orient et ce, selon ses schémas et ses visions pour asseoir un nouveau Monde arabe. D'où nous assistons à des révoltes éclatant par-ci par-là. C'est l'effet domino.
Qu'entendez-vous par l'effet domino à l'égard des révoltes arabes?
L'effet domino désignant la vague des révoltes des peuples arabes signifie la chute de ces régimes l'un après l'autre par effet de contagion, soit à la manière de la Tunisie suivie de l'Egypte et d'autres éventuellement. Néanmoins, selon la donne médiatique actuelle, ce procédé développe et révèle la chute des présidents, mais pas des régimes en place, comme on avait vu, par le passé, l'effet domino en Europe de l'Est. Là-bas, les régimes communistes ont enregistré des chutes l'un après l'autre.
Les soulèvements en cours dans les pays arabes sont-ils dus à un effet de contagion?
Oui, il y a beaucoup de points communs dans ces événements pour dire qu'il y a un effet de contagion. Et puis, il faut dire que les pays arabes connaissent pratiquement les mêmes problèmes. En matière des régimes politiques, en place, les pays arabes sont dirigés par des dictatures, des systèmes dynastiques et monarchiques. D'où découle le verrouillage des champs politiques, d'expression, l'absence des libertés individuelles et collectives, le chômage, l'injustice, l'impunité. Ce sont autant de maux et d'étincelles qui ont provoqué les incendies.
Les soulèvements connus et en cours dans le Monde arabe sont provoqués par une jeunesse qui refuse de se plier encore à la dictature. Qu'en pensez-vous?
C'est vrai, les soulèvements que traverse le Monde arabe (Moyen-Orient et Maghreb) sont incarnés par une jeunesse assoiffée de liberté, de justice, de démocratie et de modernité. Les gens veulent, comme je le dis plus haut, vivre leur temps. Mais la question qui se pose, par conséquent, est de savoir si cette jeunesse peut servir d'alternative et influer sur les régimes en place. Car, le 5 Octobre 1988 en Algérie, quand la jeunesse algérienne avait investi les rues pour réclamer des changements et dire «on en a ras-le bol du pouvoir en place», cela n'a pas réussi à asseoir la transition démocratique, tant revendiquée. C'est dire qu'après plus de 20 ans, la jeunesse demande toujours la même chose, une transition démocratique.
Aujourd'hui, la Tunisie, l'Egypte sont en train de préparer des conditions permettant une transition à l'avènement de la démocratie. Croyez-vous en l'aboutissement d'un tel objectif?
A mon avis, je dirais que la transition démocratique dans ces pays se distingue par trois caractéristiques essentielles. En premier lieu, il convient de dire qu'il pourrait y avoir encore des événements plus violents et plus sanglants en général, qui succéderont à la chute de leurs présidents (Tunisie et Egypte), comme ce fut le cas en Algérie, après 1988. Là, il faut dire qu'au moment où l'on s'attendait à une transition démocratique, le pays a viré et a plongé dans le terrorisme le plus violent. En deuxième lieu, on peut également assister, dans un avenir proche, à un conflit entre l'élite au pouvoir qui refusera de lâcher prise et préserver ses pouvoirs et la jeune élite qui demande la succession et veut anéantir l'ancien régime dans ses moindres symboles. Le cas de la Tunisie actuellement en est un exemple.
Les jeunes, auteurs de la révolution, ne veulent plus des traces du régime de Ben Ali, ils réclament un changement radical. C'est une revendication, qui est jusqu'ici, confrontée au refus de l'ancienne élite qui veut, coûte que coûte, se maintenir au pouvoir.
En troisième lieu, il faut dire que le passage à un système démocratique est très long et exige un travail de longue haleine. C'est tout un processus à mettre en oeuvre pour y arriver. Car, l'avènement de la démocratie ne se fait pas du jour au lendemain, c'est un combat à mener.
Les multiples appels à la transition démocratique dans le Monde arabe, lancés par l'Union européenne et les Etats-Unis semblent être ciblés et orientés. Quel est votre avis là-dessus?
Vous avez, en effet, raison. Les appels à la transition démocratique, ordonnée et pacifique, prônée par les USA et l'UE, ciblent et s'adressent à des pays ou à des régimes bien précis. C'est dire que le principe du «deux poids, deux mesures» est toujours à l'ordre du jour. Ils appellent les pays arabes à changer de système et passer à d'autres plus démocratiques, mais on ferme, en même temps, les yeux sur les actes criminels que commettent quotidiennement les Israéliens contre les Palestiniens.


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