Les trois points face aux Lions de l'Atlas sont impératifs. La victoire, si elle dépend grandement du mental des joueurs, se dessine à partir d'un impressionnant dispositif tactique à mettre sur l'échiquier. Une des armes les plus sûres pour sortir victorieux contre le Maroc est sans conteste le pressing haut dès la première seconde du match avec l'idée d'empêcher l'adversaire de développer son jeu, réussir à récupérer rapidement, à tous les coups, les balles et construire le “puzzle” des attaques pièce par pièce. Mais un pressing haut nécessite d'abord une débauche d'énergie impressionnante et une synchronisation homogène entre les trois compartiments basée essentiellement sur le rapprochement des lignes et le rétrécissement des espaces. Le physique des joueurs y sera très déterminant. Cependant, si le risque d'un fléchissement graduel demeure entier, il existe une bonne méthode de récupération pour l'ensemble des joueurs : à la possession de chaque balle, faire circuler le cuir par derrière, même en impliquant le gardien du but dans les passes en diagonale vers les arrières latéraux. Du coup, la maîtrise du ballon procurera moins d'essoufflement, plus de solidité mentale, et les Marocains de Gerets devront sortir de leur ornière, céder des espaces et devoir surtout courir deux fois plus ; ils pourraient alors perdre la bataille du physique et le gain du match. Dans une telle configuration, la nécessité de jouer avec deux attaquants en pointe est quasi-déterminante. Ces deux joueurs sont les premiers à devoir courir derrière les défenseurs adversaires pour brouiller toute velléité de relance et les obliger ainsi, soit à dégager en catastrophe, soit à commettre les monumentales bévues de se débarrasser du ballon en plein axe. Un bon travail défensif sur pressing de nos deux attaquants atténuera le poids de la récupération des balles sur nos hommes du milieu du terrain. Ces derniers, aidés dans la largeur du terrain par nos arrières latéraux et par l'axe de la défense comme appui, auront moins de soucis à se faire pour gagner la bataille du milieu du terrain. Le 4-1-2-1-2 reste le mieux approprié, notamment dans le quadrillage du terrain. Il permettra un blocus efficace de l'adversaire et un redéploiement rapide en cas de récupération du ballon. Eric Gerets, adepte du style hollandais qu'il a su inculquer, toute proportion gardée, aux différents clubs dont il avait la charge — le Hillal saoudien est le dernier en date — est lui aussi un farouche partisan du pressing haut. Le tacticien belge, intrépide qu'il est, a la manie de responsabiliser beaucoup les défenseurs centraux dans la construction des phases de jeu et compte énormément sur les arrières latéraux, véritables fusées sur les flancs. Il serait donc imprudent de se focaliser sur Chamakh, lui dresser un guet-apens ou se focaliser sur un autre joueur qualifié d'exception et ne pas se concentrer sur l'essentiel. Dans ce genre de confrontations, l'idée “appétissante” d'assurer un marquage individuel strict sur Chamakh peut s'avérer improductif car nos joueurs perdront leur objectif premier : gagner la bataille de la possession de la balle.