M. Hamani, Président de l'association des producteurs de boissons : “Sur 100 dinars consommés, 75 dinars sont des produits importés” “Il n'y a pas eu de mise à niveau des PME/PMI, et que tant que l'entreprise n'est pas au cœur de la politique économique et du dispositif législatif, il y a peu de choses à espérer. Même la formation est en total décalage avec les besoins de l'entreprise. Toute politique économique incapable de créer de l'emploi est vouée à l'échec. Or l'Etat continue à mettre des ressources rares dans des entreprises déstructurées sans espérer se faire rembourser un jour ! En Algérie, il existe 70 entreprises pour 100 000 habitants, alors que dans des pays similaires il y a 3 500 entreprises pour 100 000 habitants ! Or, pour 100 Da dépensés par le consommateur, 75 Da vont financer des entreprises étrangères (produits importés). C'est un problème stratégique pas un problème opérationnel !” D. Z. Mme Mokraoui, directrice générale de l'Aniref : “80% des nouvelles ZI le long de l'autoroute Est-Ouest” “Je vois dans la nouvelle disposition d'accès au foncier une occasion propice pour relancer les activités industrielles et les faire sortir de la morosité actuelle. L'option des zones industrielles tout le long des axes routiers est l'une de ces options. 80% des 30 nouvelles zones industrielles seront situées le long de l'autoroute Est-Ouest. Il faut accroître l'offre pour régler le problème du foncier, baisser les prix du foncier. L'offre d'assiettes et surtout les nouvelles conditions d'accès sont un facteur propice pour mieux booster l'investissement productif en Algérie et partant de créer de l'emploi et de relancer l'industrie et l'économie.” M.Belmihoub, enseignant à l'ENA : “Le foncier, sixième contrainte après la corruption” Depuis 2003, le foncier industriel a fait l'objet de plusieurs interventions réglementaires, à travers différentes lois des finances et divers règlements, avec une fréquence moyenne de 18 mois. L'accès, plus ou moins aisé au foncier industriel, joue un rôle important dans le climat des affaires et demeure l'une des principales contraintes à l'essor de l'investissement. En 2003, il était classé 3e contrainte, après la concurrence déloyale et l'accès au crédit, en 2008, il est passé au 6e rang, après la concurrence déloyale, l'accès au crédit, la fiscalité et la corruption, selon la perception des entreprises, car il constitue l'un des facteurs décisifs de création d'entreprises. D. Z. M. Sahraoui, gérant de Sopiref, promoteur immobiler “faciliter l'accès au foncier industriel” “La rencontre est tout à fait opportune dans les circonstances actuelles. Les opérateurs recueillent les dernières informations, apprécient les nouveautés dans les derniers dispositifs en faveur de l'emploi, le logement et le foncier industriel. Elle constitue une opportunité d'échange de points de vue. Le verrou qui bloque dans l'accès au foncier est le système Calpiref. Pratiquement, il n'y a que des terrains vendus par le privé (à Alger particulièrement) où les prix sont exorbitants. La seconde alternative est le domaine privé de l'Etat, l'accès au terrain par le biais de la concession. Il faudrait pour faciliter l'accès à ce foncier industriel des prix étudiés avec des abattements très importants.” K. R. M. Rahali, secrétaire général de la banque BDL : “Il faut des mesures d'accompagnement et de soutien” “Je réfute l'idée que les dernières décisions étaient prises dans la précipitation. J'ai moi-même travaillé dans des commissions spécialisées depuis plus de deux années sur ces thèmes dans le but de trouver des solutions adéquates au problème du foncier et ses corollaires, l'emploi et le financement. Il faut reconnaître que certaines faiblesses restent à combler par des mesures d'accompagnement et de soutien, mais je suis optimisme quant aux chances qui sont offertes pour renforcer la dynamique du développement.” M. Moula, gérant de la société Venus et représentant du Ceimi : “Aller d'abord au renforcement du tissu existant” “Mes préférences vont d'abord au renforcement et à la densification du tissu existant pour maintenir son homogénéité et appuyer son efficacité. Je préfère exploiter des poches toutes proches que d'aller m'installer ailleurs avec des risques visibles.” BOUDECHICHE Smaïl Abdelhak Lamiri, Docteur en gestion des entreprises : “Affiner les statistiques bancaires” “Si on analyse les financements de l'industrie algérienne, surtout par les entreprises privées, on remarque que le crédit bancaire qui est pratiquement la seul alternative, vu l'assèchement des autres mécanismes financiers, représente entre 15 et 30% en moyenne des financements. Alors que dans le monde, les entreprises sont financées, à peu près, à 80% par des mécanismes hors fonds propres. Ce qui met l'entreprise algérienne en désavantage par rapport aux autres entreprises internationales, dans son effort de compétitivité internationale. Le deuxième aspect financier se caractérise chez nous par l'absence de banques d'investissement. On peut avoir peut-être des crédits à court terme mais les banques d'investissement qui vont financer les terrains, les investissements sur vingt à trente années, c'est extrêmement complexe. Troisième élément c'est l'orientation du crédit et ce qui se fait en fonction de politique stratégique. Et puis il y a les statistiques bancaires qu'on aimerait bien qu'elles soient plus affinées. On entend souvent des chiffres globaux. Mais sur ces chiffres, on ne sait pas ce qui va à l'importation et à la production nationale, ce qui va au secteur public et ce qui va au secteur privé ou quels sont les financements à long terme et quels sont ceux à court terme et enfin les financements qui sont des investissements et ceux qui sont des fonds de roulement. S.S. M. Aberkane, PDG de Sogemetal : “Eviter la dilapidation des ressources financières de notre pays” “La rencontre est très intéressante. Il faut qu'il y ait des débats plus agressifs sur la gestion de notre économie nationale. Ces débats sont indispensables. Car nos gouvernants n'ont pas tendance à vouloir nous écouter ou bien n'ont pas la possibilité de comprendre notre message. On demande sans cesse à avoir une nouvelle race d'entrepreneurs et à notre tour nous demandons une nouvelle race de gouvernants. Et donc tant qu'il n'y aura pas de partenariat entre les entrepreneurs, l'Etat et ceux qui sont en charge d'organiser l'économie, il n'aura pas de croissance. J'espère que les mesures du Conseil des ministres du 22 février soient destinées à booster la croissance. J'espère que ne ce sont pas des vœux, que ce ne sera pas encore une fois une gabegie financière qui consiste à dilapider les ressources financières de notre pays.” M. Khelifati, PDG d'Alliance Assurances : “4 ans de démarches et pas de terrain” M. Khelifati, PDG d'Alliance Assurances est intervenu pour souligner que l'accès au foncier industriel est toujours problématique. Après quatre ans de démarches auprès des autorités concernées, il n'a toujours pas obtenu de terrain pour construire le siège de son entreprise. “Nous ne croyons pas aux Calpiref (dans le nouveau dispositif, structures qui attribuent le terrain)”, affirment d'autres opérateurs. Traduire : une nouvelle bureaucratie pourrait s'installer au niveau des wilayas avec le risque que les autorités locales puissent décider subjectivement, unilatéralement, sans concertation avec les associations patronales, les représentants des entreprises. Réda Hamiani, Président du FCE : “En matière d'emploi, on ne fait que du sur-place” Citant le rapport du Cnes sur l'emploi, le président du Forum des chefs d'entreprise a souligné que sur 100 diplômés de l'université, 13 trouvent un emploi, 5 partent à l'étranger, une partie crée sa propre entreprise, le restant, une bonne proportion, rejoint les rangs des jeunes chômeurs. “Au terme de deux ans d'activité, le taux de mortalité des jeunes entreprises créées à la faveur des dispositifs Ansej et Cnac reste très élevé. L'université et l'appareil de formation professionnelle très lourd, très coûteux, n'arrivent pas à former pour les besoins du marché du travail. Les entreprises se retrouvent avec de gros problèmes de recrutement du personnel qualifié. Il faut donc revoir en profondeur cette politique de l'emploi.” K. R