Mobilis et Algérie Télécom, qui ont fait l'objet d'une enquête effectuée par la section de recherches et d'investigation de la Gendarmerie nationale à Annaba, sont au cœur d'un nouveau scandale. En effet, le dossier transmis au procureur de la République près le tribunal de cette ville fait apparaître que 232 cartes SIM (0661) sont enregistrées sous de faux noms, aux noms de personnes décédées ou à l'insu d'autres qui n'en ont jamais fait la demande. L'enquête, qui avait été diligentée suite à des lettres anonymes faisant état d'un trafic à grande échelle de ces cartes, s'appuyait sur le nombre de factures non payées et dont le montant global dépassait plusieurs millions de dinars. Dans un premier temps, les enquêteurs avaient découvert qu'il y avait sept cas et que ceux-ci n'existaient pas physiquement. Les documents fournis pour lesdits abonnements étaient faux, ils renvoient à des personnes décédées depuis des années ou à l'insu d'autres qui, convoquées et interrogées, avaient nié avoir souscrit un abonnement puisqu'elles n'avaient signé aucun contrat dans ce sens. Cette situation a amené les enquêteurs à orienter leurs investigations vers les personnels chargés des abonnements ; les interrogatoires de ces employés ont permis de mettre au jour tout un trafic où sont impliqués plusieurs employés et cadres formant un réseau qui vendait ces lignes au prix fort sur la base d'un dossier qu'un complice travaillant au niveau d'une antenne relevant de l'APC d'Annaba constituait et fournissait à l'opérateur. Ainsi, des responsables actuels, mais aussi anciens et à la retraite, ont, à leur tour, été convoqués et entendus dans le cadre de cette affaire qui a défrayé la chronique à Annaba. Des factures datant de plus de quatre ans et dont les montants se chiffrent à des millions de centimes sont restées impayées à ce jour, alors que, normalement, le non-paiement entraîne une suspension automatiquement en attendant la régularisation, ce qui n'avait pas été fait et les “heureux bénéficiaires” continuaient à en profiter puisque, selon nos informations, les cartes SIM leur avaient été vendues au prix de 100 000 DA l'unité. Le procureur de la République près le tribunal d'Annaba a ordonné un complément d'enquête pour situer les responsabilités, identifier les individus à l'origine de ce trafic qui menace la sécurité nationale et convoquer de hauts responsables, locaux et centraux, d'Algérie Télécom et de Mobilis, puisque certaines irrégularités remontent à 2006. B. BADIS