Photo : Riad Par Hasna Yacoub Passations de marché contraire à la réglementation, dilapidation des biens de l'Etat, fausse écriture sur documents officiels, négligence ayant entraîné un manque à gagner, complicité de dilapidation ou encore écarts de poids et faux et usage de faux, tels sont les principaux chefs d'inculpation retenus contre les treize inculpés dans ce qui est appelé depuis quelques semaines «le scandale de SIM». Il s'agit évidement du groupe SIM (Semoulerie industrielle de la Mitidja), l'un des plus importants groupes en Algérie dans le secteur de l'agroalimentaire, dont le P-DG a été mis sous contrôle judiciaire par le tribunal d'El Affroun, ainsi que douze cadres de l'OAIC (Office algérien interprofessionnel des céréales). Cette affaire a éclaté suite à une lettre anonyme ayant amené la cellule de recherches de la Gendarmerie nationale à ouvrir une enquête en avril 2007. Au bout de huit mois d'investigations et l'audition de plus d'une centaines de personnes, les enquêteurs ont conclu à l'existence de «largesses» injustifiées, confirmant l'existence d'irrégularités dans les marchés accordées au groupe SIM par des cadres de l'OAIC. Il s'agit notamment de la décision du P-DG de l'OAIC, non avalisée par son conseil d'administration, de réduire le prix du blé dur vendu au groupe SIM de 2 à 3% du prix initial (une réduction qui a varié entre 50 et 150 DA par quintal). Pour le blé tendre (subventionné par l'Etat), et selon les conclusions de l'enquête, SIM a bénéficié d'une certaine «largesse» dans les quotas atteignant les 180% au moment même où une instruction de 2004 fixait la quantité à hauteur de 50% de la capacité de la minoterie. De plus, le groupe bénéficiait de quotas doubles, à partir de la Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS) de Blida et celle de Khemis Miliana uniquement pour le moulin de Aïn Romana à Mouzaïa, a conclu l'enquête qui n'a pas manqué de préciser que SIM avait déclaré auprès de l'OAIC une capacité de trituration de 950 tonnes/jour alors que cette capacité ne dépasse pas les 600 tonnes/jour. Beaucoup d'autres griefs ont été mis en exergue par l'enquête de la gendarmerie. Pour uniquement la réduction du prix du blé dur, un préjudice d'environ 8 milliards de centimes a été calculé. Les conclusions de l'enquête ont également fait état d'importants retards accusés par le groupe SIM dans le règlement de ses factures. Ce qui mènera les enquêteurs à conclure que ce client avait droit à des crédits indirects. Pour évaluer le préjudice réel causé à l'OAIC, le juge d'instruction a demandé une expertise judiciaire qui est en cours. A signaler qu'en parallèle à cette enquête, d'autres investigations ont été menées sur la fortune accumulée en un temps record par certains inculpés dans cette affaire. Selon nos informations, c'est le cas du directeur général de l'OAIC, qui devrait sûrement s'expliquer sur les signes de richesse extérieurs. Quant à la richesse du P-DG du groupe, elle remonte à l'année 1990. A la tête d'une usine de transformation de plastique, il avait décidé d'acheter une parcelle de terrain au lieu-dit Aïn El Romana et de se lancer dans la meunerie. Il obtient un crédit de 5 milliards de centimes pour l'importation d'Italie du matériel nécessaire et ouvre, en 1994, sa première minoterie qui sera suivie d'autres. Actuellement, son groupe possède la filiale de Trading blé (semouleries, minoteries, unités de pâtes, de couscous…), un complexe (centre multifonctionnel, parking, centre commercial, agences diverses, centre de conférences, crèche, école de formation…), la clinique Amina. Son dernier investissement concerne l'achat de la filiale eaux minérales (Bouharoun).