Après ses menaces de brûler des exemplaires du Coran en 2010 à l'occasion de l'anniversaire des attentats du 11 septembre, le pasteur américain, Terry Jones, est passé à l'acte le 20 mars dernier en Floride, d'où les risques d'une levée de boucliers dans le monde musulman, voire même une recrudescence des attentats antioccidentaux, même si Barack Obama a fermement condamné l'acte. Le pasteur américain Terry Jones, qui avait menacé en 2010 de brûler des exemplaires du Coran pour l'anniversaire des attentats du 11 septembre, est finalement passé à l'acte le 20 mars dernier en Floride. Sitôt l'information connue, de violences ont éclaté vendredi en Afghanistan, où plusieurs milliers de manifestants indignés par son geste ont mis à sac l'antenne de l'ONU à Mazar-e-Sharif, dans le Nord, où sept membres du personnel de l'organisation ont été tués. Le lendemain, dix personnes ont été tuées lors d'une manifestation à Kandahar (sud) au lendemain d'une attaque meurtrière contre l'ONU à Mazar-I-Sharif. Dans cette grande ville du nord de l'Afghanistan, quatre Népalais et trois Européens employés de l'ONU ont été tués vendredi dans l'attaque des bureaux de l'Unama lors d'une manifestation similaire. Redoutant une colère plus grande dans le monde musulman, et surtout une recrudescence des attentats contre les intérêts occidentaux et en Occident car sachant pertinemment que ce genre d'agissements apporte de l'eau au moulin d'Al-Qaïda et des extrémistes musulmans, le président américain Barack Obama a condamné samedi l'autodafé d'un exemplaire du Coran par un pasteur extrémiste américain, le qualifiant d'acte d'“extrême intolérance et sectarisme”. “La désacralisation de tout texte saint, y compris le Coran, est un acte d'extrême intolérance et sectarisme”, a déclaré le président Obama dans un communiqué qui rend hommage aux victimes des violences que l'autodafé a engendrées en Afghanistan. Il a également ajouté : “Cependant, attaquer et tuer des gens innocents en représailles est révoltant et un affront à la décence humaine et la dignité. Aucune religion ne tolère le massacre et la décapitation de gens innocents, et il n'y a pas de justification pour un tel acte déshonorant et déplorable”, tout en soulignant que “les travailleurs de l'ONU ont perdu la vie en essayant d'aider le peuple afghan”. Ceci étant, les projets du pasteur âgé de 58 ans avaient déjà donné lieu l'an dernier à des violences en Afghanistan et dans le monde arabo-musulman. Sous la pression du pape, de Barack Obama et de nombreux gouvernements, il avait fini par renoncer à son autodafé, mais n'a jamais cessé de fustiger le Coran. Terry Jones est revenu à la charge, ce dimanche 20 mars à Gainesville, où il a présidé une cérémonie baptisée “Journée internationale du jugement du Coran” pendant laquelle un exemplaire du livre saint a été détruit par le feu sous les yeux d'une cinquantaine de personnes. Dans un enregistrement vidéo de la cérémonie diffusé sur Internet, il a affirmé : “Nous pensons que certains passages du Coran pris littéralement mènent à la violence et aux activités terroristes, qu'ils font la promotion du racisme et portent préjudice aux minorités, aux chrétiens et aux femmes.” Sur le site du Dove World Outreach Center, le centre religieux qu'il anime pour quelques dizaines de fidèles, on peut en outre se procurer son livre Islam is of the Devil (l'Islam provient du diable) ainsi que des casquettes et des tasses portant le même slogan. “Le gouvernement des Etats-Unis et notre président doivent porter un regard réaliste sur les islamistes radicaux. L'Islam n'est pas une religion de paix. Il est temps que ces gens rendent des comptes”, se permet-il de dire dans un communiqué publié vendredi après les événements de Mazar-e-Sharif. Interrogé par la BBC, il a en outre assuré ne se sentir en rien responsable du décès des sept membres du personnel de l'ONU. Pour rappel, Terry Jones, qui avait mis des dizaines d'années à fonder une petite communauté chrétienne à Cologne, en Allemagne, en a été chassé il y a trois ans par ses propres ouailles, qui ne supportaient plus son comportement et s'interrogeaient sur certaines pratiques financière. Sa propre fille a en outre assuré l'an dernier qu'il était devenu fou. Merzak Tigrine