Après la carotte, le bâton. Le ministre de l'intérieur et des collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, n'a pas hésité à brandir hier la menace d'exclusion des gardes communaux qui continuent à tenir leur sit-in à la place des martyrs à Alger. “En ce qui nous concerne, il n'y aura plus de discussions ni de négociations, ni de surenchère. Nous allons les exclure du corps. Toutes les autorités militaires et civiles sont décidées à considérer les actes menés par les gardes communaux comme étant des actes d'indiscipline dans un corps de sécurité”, a-t-il déclaré à la presse en marge de la conférence nationale sur le Schéma national d'aménagement du territoire (Snat). Selon le responsable du département de l'intérieur, “99% des gardes communaux ont adhéré aux mesures prises pour la régularisation de leur situation”. Et sur les 14 revendications contenues dans leur plate-forme, 11 ont été satisfaites, selon M. Ould Kablia. La veille déjà, le ministre avait sommé les protestataires de se conformer à l'article 11 de leur statut, lequel interdit à ce corps de sécurité de recourir à des mouvements collectifs de contestation contraires à l'ordre. Mais ces menaces ne semblent pas avoir eu d'effet sur la mobilisation des gardes communaux. Hier encore, ils étaient plusieurs centaines à se rassembler, après y avoir passé la nuit à la place des martyrs. Couchés à même le sol, sous un soleil de plomb, en uniformes pour certains, les protestataires avaient toujours l'oreille attentive aux échos en provenance de la présidence de la République où une délégation conduite par Hakim Chouaïb, délégué de Blida, devait être reçue. Jusqu'en fin d'après-midi, on ignorait toujours les résultats de cette rencontre. “Je vous demande de rester calmes, nous allons là-bas et on verra, si c'est noir ou blanc”, a lancé Chouaïb, dans un mégaphone, peu avant son départ à la réunion. “Espérons que ça soit blanc”, ont rétorqué, à l'unisson, applaudissements à l'appui, les gardes communaux. Interrogé pour savoir s'ils sont prêts à continuer leur mouvement au cas où leurs doléances ne seraient pas satisfaites, le délégué de Blida s'est montré catégorique : “On ne libérera la place qu'une fois toutes nos revendications satisfaites.” Parmi leurs revendications figurent notamment : l'augmentation des salaires avec effet rétroactif à partir de 2008 ; des primes de rendement et une prime de risque avec effet rétroactif à partir de 2008 ainsi qu'une réassurance 24h/24h, à partir de la date de leur installation. Il y a également l'octroi d'une retraite anticipée avec des indemnités matérielles et morales, en cas de dissolution de leur corps et l'octroi d'avantages en matière de logement et de soins. Par ailleurs, les protestataires revendiquent la réinsertion, à travers tout le territoire national, de 23 000 gardes communaux qui ont été “arbitrairement” licenciés. Le bras de fer est-il engagé ? Karim Kebir