Photo : M. Hacène Par Faouzia Ababsa Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales était très sollicité, hier, par les journalistes. D'emblée, il fut interpellé sur la poursuite de l'interdiction des marches à Alger, alors que l'état d'urgence a été levé. M. Ould Kablia a précisé que cette interdiction des marches dans la capitale n'était en rien liée à l'état d'urgence, mais plutôt régie par les dispositions de la loi 91-19. «Lisez-là d'abord», lancera-t-il à un confrère. Le ministre ajoutera que l'interdiction des marches à Alger répond à des impératifs sécuritaires, en plus «du désordre qu'elles pourraient créer». Ces impératifs, selon M. Ould Kablia qui intervenait en marge de l'ouverture de la session de printemps du Sénat, «concernent d'abord la sécurité des marcheurs eux-mêmes et ensuite la protection de la ville contre toute menace terroriste». Et d'ajouter : «Nous n'avons pas les moyens d'assurer cette sécurité.» Dans ce sens, il démentira que l'Etat avait déployé un dispositif de 35 000 agents lors de la première marche à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie. «C'est exagéré. Ce chiffre représente la moitié de l'effectif de la Sûreté nationale en service pendant huit heures.» M. Ould Kablia a indiqué que dans tous les pays du monde, «les réunions et manifestations publiques sont régies par des lois et personne ne manifeste s'il n'obtient pas d'autorisation». Mais le ministre de l'Intérieur oublie de préciser que ce ne sont pas des autorisations, mais des déclarations informatives dans lesquelles les organisateurs indiquent l'itinéraire de la marche et le dispositif de service d'ordre mis en place. Le droit de manifester fait partie des fondements de la démocratie et de la République. Par ailleurs, il faut souligner que l'argument sécuritaire pour ne pas autoriser les marches n'a pas de fondement puisque au plus fort des actes terroristes, les Algériens ont marché. L'exemple de la marche des femmes en 1994 pour dénoncer justement le terrorisme n'a pas fait l'objet de demande d'autorisation. Tout comme celle, récemment, en soutien à la population de Ghaza. Il n'y a aucune escarmouche, ni désordre public. Interpellé sur la situation des gardes communaux, le ministre de l'Intérieur fera remarquer aux journalistes que son absence à la cérémonie, qui s'est déroulée hier matin à l'APN, était justifiée par la rencontre qu'il a eue avec les représentants de ce corps de sécurité. «Nous avons eu une réunion de deux heures. Ils ont exposé leurs doléances.» M. Ould Kablia a ajouté que «le redéploiement de ce corps est devenu nécessaire du fait de l'amélioration de la situation sécuritaire du pays». Et d'ajouter : «Une partie de l'effectif intègrera l'Armée populaire nationale, tandis qu'une autre partie sera déployée dans les conditions les plus appropriées.» Un redéploiement qui ne se fera pas sans la consultation et la concertation avec les concernés. Rappelons que les gardes communaux, se sentant lésés et abandonnés après tout ce qu'ils ont donné en matière de lutte antiterroriste, ont observé des rassemblements à travers les wilayas pour faire entendre leur voix.