C'est à midi et 40 minutes que le président Bouteflika est arrivé à la place Illamane pour donner le coup de starter symbolique à l'arrivée de l'eau puisée d'In Salah vers la capitale de l'Ahaggar. Les deux cents mètres que devait effectuer le chef de l'état à pied devant les caméras de l'Entv pour prouver que sa popularité était toujours intacte ont été remplis, avant neuf heures, essentiellement par des écoliers, des lycéens et des enfants, dont beaucoup étaient pieds nus. Le baroud et les troupes folkloriques ont fait le reste. Le président Bouteflika ne fera aucune déclaration, juste des inaugurations, notamment celle du “projet du siècle” devant alimenter Tamanrasset en eau potable, et le pôle urbain d'Adrian, ainsi que le tronçon de la Transsaharienne entre Tamanrasset et In Guezzam. Même si l'arrivée de l'eau à Tamanrasset devrait mettre fin au calvaire de ses habitants, la noria de camions-citernes qui vendent l'eau aux citoyens poursuit son travail, sachant que beaucoup de quartiers de la ville devraient prendre leur mal en patience, le temps qu'on réalise le réseau d'AEP. Toujours est-il que le projet est présenté comme étant grandiose (1 300 kilomètres de canalisations) qui, de plus, a été réalisé dans les délais (trois ans), contrairement à l'autre projet du siècle, qu'est l'autoroute Est-Ouest, qui traîne toujours et dont les coûts sont constamment revus à la hausse. La venue du président Bouteflika s'inscrit dans le cadre de sa riposte aux partisans du changement et une sorte de réponse à tous ceux qui estiment que rien ne va dans le pays. Une sortie qui devrait être suivie par d'autres. L'on évoque celle devant le mener à Tlemcen pour l'ouverture de la manifestation “Tlemcen, capitale de la culture islamique”, mais aussi Alger où il devrait donner le coup d'envoi au premier tronçon du tramway. Mais, contrairement à ce qui était attendu, le chef de l'état ne prononcera aucun mot à partir de Tamanrasset et laissera le soin à son ministre de l'Intérieur de louer les efforts consentis par l'état en faveur de la wilaya de Tamanrasset en particulier, et du Sud en général. Les citoyens venus, avec leurs lettres de doléances, attendre l'arrivée du Président, repartiront déçus. Le président de la République, comme à son habitude, a décidé d'octroyer une rallonge budgétaire au profit de la wilaya de Tamanrasset, à l'issue de sa visite et dont le montant s'élève à 16 milliards de dinars, pour une soixantaine de projets proposés par les responsables locaux, une priorité sera donnée à la création de nouveaux villages tout le long de la RN1, entre In Salah et Tamanrasset, surtout dans la zone d'Arak, où une piste d'atterrissage est prévue. Dans une conférence de presse organisée à l'issue de la visite, le ministre de l'Intérieur a reconnu que la wilaya de Tamanrasset, tout comme le Sud en général, connaît d'énormes retards en matière de développement. C'est pour quoi il préconise “une certaine priorité ou une priorité certaine” à cette région.Même s'il affirme que sa visite à Tamanrasset ne concerne pas l'aspect sécuritaire, Dahou Ould Kablia, qui se déplace aujourd'hui à In Guezzam, y rencontrera les notables de la région pour les sensibiliser sur la nécessité de s'impliquer dans la sécurité de la région, du moins à travers leurs liens avec les populations des pays voisins et des renseignements dont ils disposeraient. Le ministre est revenu sur sa très controversée rencontre avec des notables du Sud à Alger. “Je suis libre de rencontrer qui je veux. J'ai reçu des représentants du Sahara et pas seulement les représentants des Touaregs. Ce n'est pas à moi de désigner l'Amenokal des Touaregs.” Il fera remarquer qu'il sera le premier ministre de l'Intérieur à visiter In Guezzam et Debdeb. Ceci dit, le ministre de l'Intérieur insiste sur la vigilance des citoyens des zones frontalières : “Ce qui se passe chez nos voisins nous préoccupe. On ne se mêle pas de leurs affaires, mais lorsque les troupes libyennes basées le long des frontières ont déserté leurs positions, des terroristes essayent de s'introduire, avec des armes, profitant de la situation… Lorsque nos intérêts sont menacés, il faut qu'on se prépare à y faire face.” A. B.