Le front social est en ébullition à Béjaïa. Pas moins de deux mouvements sociaux ont été enregistrés, mardi, au chef-lieu de wilaya. Le premier a été initié par les cadres techniques de la Direction des services agricoles (DSA), lesquels ont tenu un sit-in de deux heures devant le siège de la wilaya. Durant leur action, le collectif des cadres de l'agriculture en a profité pour remettre une lettre ouverte au wali afin de la transmettre au Premier ministre. Dans sa missive, le collectif sollicite du chef de l'exécutif “la prise en charge effective du dossier portant régime indemnitaire des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration chargée de l'agriculture”, mais dont la concrétisation est “remise aux calendes grecques, et ce en dépit du caractère légitime de la revendication”. Les protestataires y voient une contradiction par rapport à la politique économique. Car, d'une part, les pouvoirs publics ne cessent de marteler que le développement du secteur est un axe stratégique et, de l'autre, on maintient à la marge, voire dans la précarité, l'encadrement technique censé accompagner cette politique agricole. Le collectif des cadres techniques dénonce leur marginalisation sur le plan de la rémunération et autres avantages matériels auxquels ont eu droit leurs homologues des autres secteurs. Autre argument de taille mis en avant par les protestataires : le secteur de l'agriculture est “sans conteste celui qui réalise le taux de croissance le plus élevé hors hydrocarbures, alors qu'en parallèle, les cadres des services techniques sont livrés à eux-mêmes et continuent à percevoir chaque fin de mois le salaire de la honte”. On n'a pas omis de dire qu'ils sont “otages des négociations infructueuses des membres de la commission, chargée de la refonte du régime indemnitaire, qui semble butés à trouver un consensus sur le taux à fixer, concernant les primes et autres indemnités”. L'autre mouvement a été initié par les fonctionnaires des centres payeurs au niveau de la Cnas-Béjaïa. Le débrayage spontané a été suivi par l'ensemble du personnel qui se trouve au niveau des centres payeurs de la wilaya. Les grévistes entendent par cette action attirer l'attention des responsables sur leur sort, qui n'est pas reluisant. Ils réclament alors une augmentation des salaires à l'instar de leurs collègues des autres secteurs et avec effet rétroactif depuis janvier 2008. Ils demandent dans la foulée à bénéficier des avantages auxquels ont droit d'autres catégories socioprofessionnelles, conventionnées. Et pour pouvoir influer à l'avenir sur les décisions, qui concernent la Cnas, ils appellent à la réinstallation de la fédération, qui servait de courroie de transmissions entre la base et les sections syndicales locales. Ils n'ont pas manqué de menacer de durcir le mouvement si leur revendication n'est pas prise en compte. Moussa Ouyougoute