Pour des revendications liées aux conditions sociales, essentiellement le travail, des citoyens ont, un peu partout à travers le pays, manifesté leur colère par des sit-in et des grèves, les marches étant interdites. D'Alger à Illizi en passant par Sétif, Tébessa et Annaba, le malaise est le même, les attentes aussi. C'est le cas des techniciens des services météorologiques qui devaient entamer un mouvement de grève illimitée à partir de ce lundi, au risque de paralyser ports et aéroports dont le trafic dépend principalement des données climatiques. Ce mouvement a pour objectif de revendiquer, entre autres, une augmentation des salaires des travailleurs, qui ne dépassent pas actuellement les 18 000 DA, disent-ils. Par ailleurs, le complexe sidérurgique d'El-Hadjar est de nouveau à l'arrêt après une décision des employés du site de cesser le travail à partir de 15h, hier, dimanche. Selon Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat de l'entreprise, ce mouvement n'obéit à aucun mot d'ordre. «Il est spontané et bien que nous, syndicalistes, n'ayons rien à voir avec ce mouvement, nous l'approuvons et le soutenons, car il reflète le souci des travailleurs de sauvegarder leur outil de travail», a-t-il déclaré. Les salariés dénoncent le manque d'effectifs, le manque d'investissements destinés à la réhabilitation des équipements de production, dont la cokerie, et l'insuffisance en matières premières. Les travailleurs ne se sont pas limités à l'arrêt des installations, ils ont également assiégé les locaux de la direction générale. Toujours pour leur insertion dans le monde du travail, 100 jeunes ont observé un sit-in devant le siège de l'agence de l'emploi dans la wilaya de Tébessa, pour dénoncer la crise du chômage et exiger des responsables de privilégier la main-d'œuvre locale, notamment dans le recrutement au profit des entreprises économiques comme Sonatrach. A Sétif, une centaine de chômeurs a bloqué la RN28 à Aïn-Oulman, au sud de la wilaya, appelant les responsables à trouver des solutions à leur situation en pensant à créer des postes d'emploi. La même revendication était brandie par les jeunes de la commune de Bordj Amar Idris dans la wilaya d'Illizi, qui se sont massés devant le siège de la Sonatrach et ont barré la route avec des pierres et des pneus incendiés. Les protestataires dénoncent la lenteur enregistrée dans l'application des promesses des autorités locales et des responsables de la société pétrolière afin de leur trouver des postes de travail. A Djelfa, les citoyens ont fermé la RN 1qui traverse le centre-ville en guise de protestation contre la dégradation de la prestation de services au niveau de la poste centrale. Ce qui a accentué encore davantage la colère de ces citoyens, c'est le manque de liquidités sur tout le territoire de la wilaya. Tizi Ouzou Le front social en ébullition Le front social est en ébullition depuis quelques jours dans la wilaya de Tizi Ouzou. Ce matin, les propriétaires des véhicules gonflés ont observé un rassemblement devant le siège de la wilaya. Les manifestants demandent la régularisation des véhicules acquis entre 2001 et 2004. Dans une lettre ouverte adressée au ministre de la Justice, les concernés rappellent qu'ils ont acquis leurs véhicules depuis l'Hexagone, conformément à la loi ; «certains d'entre nous disposent d'un récépissé de demande de carte grise et d'autres qui ont reçu leurs véhicules au port, ont procédé aux formalités administratives d'usage (dédouanement, contrôle technique, assurance)». Les propriétaires des véhicules gonflés se disent victimes d'une loi promulguée en 2005 interdisant l'acquisition de véhicules de moins de 3 ans et, depuis, ils n'arrivent plus à obtenir de cartes grises et jouir de leurs véhicules et ceux qui le font risquent de voir leurs voitures saisies au niveau des barrages, comme c'est déjà arrivé, soulignent les rédacteurs de la lettre. Aujourd'hui, le collectif des acquéreurs des véhicules de moins de trois ans, a observé un énième sit-in dans l'espoir de voir sa requête enfin prise charge. Il est à noter qu'en sus de ce rassemblement, dans les communes du sud de la wilaya (Ouadhias, Draâ El-Mizan, Maâtkas...), les lycéens multiplient les actions de protestation, entre grèves et marches, pour demander un allégement des programmes. Au niveau de l'université Mouloud-Mammeri, les étudiants de la faculté de droit sont en grogne et demandent le lancement de la post-graduation et du CAPA et la Coordination locale des étudiants (CLE) a lancé un appel à une marche pour le premier février prochain. À l'APC de Tizi Ouzou, les travailleurs sont en grève cyclique de trois jours depuis la semaine dernière pour demander l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle. Le Front social s'agite et la protesta menace de s'amplifier dans les prochains jours si des mesures d'apaisement ne sont pas prises.