“La détérioration et le manque de visibilité des situations sociopolitique et socioéconomique entraînent le manque de confiance en la monnaie nationale, et bon nombre de ménages et d'opérateurs se demandent pourquoi la Banque d'Algérie va émettre des coupures de 2 000 DA, ce qui traduirait en fait le retour à l'inflation”, a estimé Abderrahmane Mebtoul. L'émission du nouveau billet de banque de 2 000 DA, décidée récemment par le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC), se fera à compter du 28 avril 2011. Cette nouvelle coupure de 2 000 dinars, qui circulera concomitamment avec les autres billets de banque actuellement en circulation, contribuera, en théorie, au rafraîchissement de la monnaie fiduciaire et à sa disponibilité accrue. C'est, du moins, l'argument avancé par la Banque d'Algérie. Mais certains experts estiment que cette mesure qui favorise les barons de l'informel contre lesquels l'Etat est désarmé encouragerait davantage l'inflation qu'elle ne réglerait le problème de manque de liquidités. Les Algériens ont pu constater la disparition de la petite monnaie. La disparition sur le circuit financier de ces pièces est liée à la situation économique. À partir du moment où vous avez une inflation importante, les monnaies divisionnaires ne jouent plus aucun rôle puisqu'elles ne permettent plus d'acheter quelque chose. Plus grave encore, on évoque le risque de défiance des opérateurs économiques vis-à-vis de la monnaie nationale. Une monnaie se caractérise par la confiance qu'ont ses utilisateurs dans la persistance de sa valeur et de sa capacité à servir de moyen d'échange. Elle a, donc, des dimensions sociales, politiques, psychologiques, juridiques et économiques. “La détérioration et le manque de visibilité de la situation sociopolitique et socioéconomique entraînent le manque de confiance en la monnaie nationale, et bon nombre de ménages et d'opérateurs se demandent pourquoi la Banque d'Algérie va émettre des coupures de 2 000 DA, ce qui traduirait en fait le retour à l'inflation”, a estimé Abderrahmane Mebtoul, ajoutant que “la décision prise de faire passer les bons anonymes de la période des années 1980 à des bons personnalisés à compter du 1er janvier 2011, la date limite étant fixée au 30 juin 2011, a créé une psychose chez bon nombre de ménages et d'opérateurs privés qui ont retiré en masse leur épargne”. C'est ce qui explique, en partie, la ruée des opérateurs vers l'euro, devenu en ces temps d'incertitude une valeur refuge. “Depuis quelques semaines, les transactions de change dinar contre devises étrangères ont repris de plus belle sur le marché parallèle avec des parités suscitant l'indignation et la colère du monde économique, en général, et de quelques représentants de l'entreprise privée algérienne, en particulier”, constate l'expert financier, Omar Berkouk, ayant réagi au débat sur la dérive du dinar lancé par Maghreb Emergent. “Ce qui pourrait paraître incompréhensible, voire paradoxal aujourd'hui, c'est l'observation d'une divergence entre des réserves de changes qui augmentent fortement avec un baril au-dessus de 100 dollars et une dérive de la monnaie nationale sur le marché parallèle”, indique Omar Berkouk, estimant que la dérive de la monnaie nationale “cristallise la perte de confiance inhérente à la crise économique et sociale que traverse le pays, nonobstant les satisfecit délivrés par le FMI pour la bonne gestion financière”. M. R.