Résumé : Epris, Aissa n'attendit plus. Il profita d'une pause de Da Kaci lors de la ceuillette des olives, pour lui demander la main de Ghenima. Ce dernier d'abord supris, ne voulut pas froisser la susceptibilité de son ami. Il garde un silence que Aïssa prit pour une réponse favorable. Da Kaci se leva et Aïssa en fit de même. : -Prends ton temps, mon ami,lui répéta-t-il encore, et d'ici la fin de l'hiver j'aimerais tout de même avoir une réponse. Je te laisse donc toute une saison, mais au prochain printemps, je vais réitérer ma proposition. Il sourit avant de poursuivre : -Tu ne douteras pas que ma couche sera aussi froide et aussi vide qu'une zone désertée. Mais je préfère supporter encore ma souffrance, afin de pouvoir enfin savourer une récompense bien méritée. Ghenima sera pour moi ce rayon de soleil qui éclairera et réchauffera mes longues nuits que la solitude tend à rendre de plus en plus taciturnes et amères. Je me sens comme vidé et sans but dans cette vie. Tu sais combien la présence d'une femme est indispensable dans le quotidien d'un homme. Et pour moi, Ghenima s'avère la femme idéale. Elle est si jeune et si fraîche, et…. Kaci l'interrompt d'un geste impatient : -Tu exagères, Aïssa. N'est-ce-pas indécent de ta part de faire les éloges d'une femme, qui aurait pu être ta fille, et de surcroît devant son père ?. Aissa lui tapote la main : -Mon cher frère, ce que je dis, prouve plutôt la profondeur des sentiments que je porte à Ghenima. Ne serais-tu pas plus tranquille, en quittant ce monde, de la savoir entre les mains d'un homme qui l'aime, et qui ne veut que son bonheur ? Kaci hoche la tête d'un air las : -Tu divagues, Aïssa. La mort ne choisit pas. Te rends-tu au moins compte que tu pourrais partir avant moi? Nous avons le même âge, et nous nous faisons vieux tous les deux. Aïssa sourit : -Qu'a cela ne tienne Kaci. Si je pars avant toi, tu seras comblé. Car ta fille héritera de tous mes biens. Et si jamais elle me donne un héritier, sois-en certain, que j'irais jusqu'à vendre les derniers cheveux qui me restent sur la tête, pour lui assurer un avenir des plus prometteurs. Kaci garde le silence encore une fois. C'était bien sûr de la pure folie. Ghenima n'acceptera jamais de s'allier à cet homme, qu'elle respectait comme son propre père. Et puis, si le destin s'en mêle et que la jeune fille est contrainte d'épouser Aïssa, il vivra toujours dans la crainte de la voir mourir ! Aïssa avait sa réputation, une sale réputation. Au village, on refusait depuis des années de lui accorder la main d'une fille. Et le vieil homme le savait. N'avait-il pas déjà enterré six femmes, sept, si on comptait une jeune promise, qui même avant de mettre les pieds dans sa maison, était tombée dans un puits? Kaci se passe une main sur le crâne, et encore une fois pousse un soupir de lassitude. Aïssa lui offre tout de même le temps de réfléchir. Une opportunité qu'il ne va pas rater. D'ici le printemps, beaucoup de choses se passeront. Qui sait…. ? Peut-être que ce vieux galeux finira par partir ailleurs, ou mourra avant la fin de l'hiver ! (À suivre) Y. H.