Jamais diffusés en Algérie, “Automne… Octobre à Alger” de Malik Lakhdar Hamina ainsi que six autres films algériens font partie de la sélection officielle de ce festival qui devait démarrer hier avec la projection du long-métrage, “Microphone” d'Ahmad Abdalla. “Jeunesse et minorités” est la thématique de la sixième édition du Festival international du film oriental de Genève (FIFOG), qui aura lieu du 11 au 17 du mois courant. Ce festival, qui connaît du succès depuis ses dernières éditions, est passé de 80 spectateurs pour huit films projetés lors de la première édition, à 6 000 visiteurs pour 80 films durant la précédente édition. La soirée d'ouverture devait être marquée par la projection du film égyptien Microphone, d'Ahmad Abdalla (qui a reçu le Tanit d'or lors des dernières journées cinématographiques de Carthage). Incarné par Khaled Abol Naga (également producteur) et une pléiade de jeunes artistes anonymes, mais pétris de talent, le film propose un style de cinéma tout à fait nouveau, oscillant entre le documentaire et la fiction. Il met en images des jeunes artistes (musiciens, chanteurs, breakers, taggueurs) qui tentent d'exister par leur art dans un pays qui leur est hostile. La musique y est renversante et les groupes iconoclastes (Masar Egbary, Sawt fi Zahma…), donnent une tonalité originale à Microphone. Quant à la cérémonie de clôture, elle verra la projection du drame Si le vent soulève les sables de la réalisatrice belge Marion Hänsel. Ce film raconte la souffrance d'une famille soudanaise cernée par l'hostilité et par la violence de la guerre. Il sera présenté, lors de la deuxième partie de soirée, le film tunisien, Making of de Nouri Bouzid, qui décrit le déchirement d'une société frustrée et tiraillée entre le désir de liberté et les échappatoires idéologiques. De plus, plusieurs films algériens seront présentés à ce sixième FIFOG, comme Automne…Octobre à Alger de Malik Lakhdar Hamina, qui a été réalisé en 1992 mais qui n'a jamais été projeté à ce jour. Le film nous place à la veille d'Octobre 1988 et raconte l'histoire d'une famille algérienne qui rassemble autant d'individualités que de tendances sociales. Ce drame a reçu de multiples distinctions internationales et a été en compétition pour l'oscar du meilleur film étranger en 1994. Parmi les films algériens qui seront présentés, citons, entre autres, Mouloud Feraoun, Je suis Chrétien et Mimezra ou la fille aux tresses, d'Ali Mouzaoui, l'Afrique vue par… (une série de courts-métrages produits par l'Algérie dans le cadre du 2e Panaf et faits par des réalisateurs africains, notamment Rachid Bouchareb, Nouri Bouzid et Abderrahmane Sissako), Hadjira, Mehrezia, Latifa, femmes musulmanes en Occident de Mohamed Soudani (coproduit avec la Suisse), et le film aux treize prix, Garagouz, d'Abdenour Zahzah. Le public suisse,de plusieurs villes, appréciera également des films de tous bords, des films qui comptent, couronnés de prix ou ayant connu le succès populaire, notamment Héliopolis d'Ahmad Abdalla (Egypte), Chetti ya deni de Bahij Hojeij (Liban), Kick-off de Shawkat Amin Korki (Irak), les Oubliés de l'histoire de Hassan Benjelloun (Maroc), ou encore le prix du jury de Cannes 2010, Un homme qui crie de Mahmat Saleh Haroun (Soudan). Durant ces huit jours, les films seront projetés dans sept endroits différents. Outre la projection de courts-métrages, de documentaires et de fictions, le public pourra assister à de multiples manifestations telles que des colloques, des rencontres-débats, des expositions, des ateliers de calligraphie et un spectacle de danse. Cette édition consacrera un hommage particulier au cinéma libanais. Le Fifog met également les enfants en scène en projetant sept films d'animation et de fiction. Par ailleurs, le festival se veut un pont entre la culture suisse et le monde oriental à travers sa société et sa diversité culturelle. Le directeur artistique du Fifog, Tahar Houchi, a déclaré dans un entretien accordé au site suisse Ghi.ch que : “la thématique a été choisie sept mois avant que les révolutions ne commencent”. Mais la thématique de cette édition colle parfaitement à l'actualité.