Sur le plan sportif, malgré son élimination en Coupe d'Algérie, le Chabab de Belouizdad a toute latitude de terminer le championnat en beauté. Sur le plan financier, par contre, c'est déjà la faillite pour la SSPA. Le club phare de Laâquiba, l'un des plus titrés de l'élite, incarne bien cette majorité des clubs professionnels à l'avenir incertain et qui risquent de disparaître d'ici la fin de la saison. Son bilan financier n'a rien à voir avec un club professionnel digne de ce nom. Depuis l'été dernier et l'ouverture du premier marché des transferts pour l'exercice en cours, le CRB n'a pu réunir plus de cinq milliards de centimes représentant les sommes perçues des sponsors du club ainsi que les recettes du stade. En revanche, les dépenses du club dépassent et de loin ces rentrées. Elles s'élèvent à huit milliards de centimes, dont 75%, soit six milliards, ont été déboursés pour le payement des joueurs et du staff technique qui attendent quatre mensualités impayées. Pour les deux milliards restants du budget déboursé, ils représentent les frais des déplacements et d'hébergement lors des différentes sorties en compétition. Ajoutez à cela, les deux stages de préparation (de l'été et de l'hiver), effectués, d'ailleurs, au pays. Ce qui fait déjà trois milliards de dettes cumulées, à titre de prêt, que la direction doit rembourser. En même temps, elle sera contrainte de trouver d'autres ressources pour régulariser le passif des joueurs, et ce avant la fin de la saison. Abandonnée par les pouvoirs publics et désertée par les actionnaires, la SSPA du CRB n'est pas du tout loin de la banqueroute. Son président Kerbadj l'explique bien : “Je préfère dire la vérité, car je n'ai jamais toléré la démagogie. Je le dis haut et fort : nous sommes en faillite. Au train où vont les choses, je peux vous dire que nous serons contraints de déposer le bilan. Le code du commerce est clair là-dessus : une société qui n'a pas de quoi payer ses employés aura automatiquement ce sort. C'est la cas de la majorité des clubs professionnels. Je crois que les gens ne se rendent pas compte du danger qui guette nos clubs. Notre football va mal, très mal même. Nous sommes tous dans le même sac, et je suis persuadé que nous serons nombreux cet été à déposer le bilan. C'est une année noire pour notre sport roi. Dire que notre football est passé au professionnalisme, en cette saison 2010-2011, c'est mentir aux générations à venir.” Le premier responsable du Chabab est lassé de la situation dans laquelle le football se trouve. Il compte sérieusement emboîter le pas à son homologue du MCS qui a déposé sa démission, en guise de protestation contre le refus des pouvoirs publics à honorer leurs engagements envers les clubs professionnels. Il le dit clairement : “Je salue son geste. Je peux vous dire qu'il y aura plusieurs Khaledi, vous allez le voir. Nous sommes abandonnés. On nous a menti. Si l'on savait depuis le début qu'on allait être confrontés à une telle situation, je vous assure que j'aurais rendu les clés du club avant le début de la saison.”