À Béjaïa, vivait autrefois Gouraya. Une célèbre femme reconnue pour sa forte personnalité, sa volonté d'acier et son courage exemplaire. Excédé d'entendre sans cesse vouer les louanges de cette femme aux multiples qualités, le chef de la tribu ordonna, un jour, de la capturer et de la jeter au cachot. Aussitôt dit, aussitôt fait. Pendant que Gouraya croupissait derrière les barreaux, une horde de bandits de grands chemins, envahit le village. Pillant, détruisant et écrasant tout sur son passage. Gouraya demanda, alors, à être libérée sur-le-champ en jurant qu'elle ne ferait qu'une bouchée de ces hors-la-loi. Une fois dehors, elle sollicite du chef du village, un gros sac d'or et des bijoux, dont elle se servirait comme appât. Pour mettre en branle son petit stratagème, Gouraya traverse le village en semant soigneusement “le butin” sur tout le long de son passage. Les brigands n'y virent que du feu. Ils la suivirent à la trace en remplissant leurs musettes, de cette moisson exceptionnelle. Gouraya, se sachant pistée par les bandits, prit alors la direction de la mer et se jette à l'eau. Totalement absorbés par leur “cueillette”, ils s'enfoncent, la tête en avant, comme des moutons de panurge, dans la grande bleue, se noyant les uns après les autres. Gouraya, en excellente nageuse, regagna le rivage au prix de quelques brasses. Elle fut accueillie en héroïne par la population de Béjaïa. À sa mort, un mausolée fut bâti à sa mémoire tout en haut de la ville, sur la montagne appelée depuis, “Yemma Gouraya''. Du sommet de cette cité antique, elle continue de veiller sur Béjaïa. Aujourd'hui encore, de nombreux visiteurs n'hésitent pas à braver le vertige pour se recueillir sur sa tombe et rendre hommage à leur héroïne. NADIA AREZKI [email protected]