Vladimir Poutine n'en a fait qu'à sa tête en organisant l'élection présidentielle en Tchétchénie dont le résultat était connu à l'avance et qui n'apporter a aucun changement au quotidien du peuple tchétchène, fait de sang et de feu. L'élection dimanche de Kadyrov, président de la Tchétchénie, à une majorité écrasante de 81,1% des suffrages exprimés estimés à 83,46%, sous l'œil bienveillant du Kremlin, est loin de constituer la solution pour mettre un terme à la violence qui secoue le pays depuis une décennie. Sitôt les résultats rendus publics, nombre de pays et d'organisations internationales ont émis des doutes et des réserves sur la véracité des chiffres avancés par Moscou. En effet, beaucoup de capitales occidentales, à l'image de Washington, Londres ou Bruxelles, ont fait part de leur scepticisme quant à la possibilité de voir l'élection de Kadyrov, l'homme de Moscou, contribuer à régler la crise tchétchène. Le scrutin a été qualifié de véritable “mascarade”, car tous les candidats nationalistes en mesure de concurrencer Kadyrov ont été, soit découragés, soit évincés directement par la commission de candidature contrôlée directement par le régime de Poutine. Le but était d'écarter définitivement le président sortant Akhmad Maskhadov élu en 1997, et tous ses proches. Selon les observateurs, Kadyrov, connu pour être un homme sans pitié avec les “hordes sauvages” de sbires à sa solde, n'avait aucune chance d'être élu si le scrutin avait été réellement démocratique et surtout sans fraude. Toutes les informations en provenance de Tchétchénie présentaient Kadyrov comme un chef sans foi ni loi, terrorisant la population locale et ne jouissant d'aucune popularité. Bien au contraire, la majorité des intentions de vote lui étaient défavorables. C'est ce qui ôte tout crédit à son élection. Quoi qu'il en soit, le tour est joué, mais cette nouvelle situation ne fera que compliquer les choses et exacerber les tensions dans un pays livré au terrorisme depuis de longues années. Il est clair que la Russie ne veut pas entendre parler de l'indépendance de la Tchétchénie et refuse toute négociation avec les indépendantistes. Néanmoins, cette fuite en avant n'est pas faite pour apaiser la tension déjà à son paroxysme. Rien n'indique que les indépendantistes soient disposés à collaborer avec le nouveau régime. Bien au contraire, une recrudescence de la violence n'est pas à écarter. L'on se dirige donc tout droit vers un statu quo en Tchétchénie, synonyme de sang et de feu pour un peuple martyrisé. Quel profit peut bien tirer Moscou de cette situation, alors qu'une solution politique de la question aurait certainement pu aboutir à des intérêts communs ? La position de Vladimir Poutine ressemble, à s'y méprendre, beaucoup plus à celle des pays colonisateurs lorsque le pays colonisé revendique son indépendance. C'est dire à quel point peut changer l'attitude d'un Etat, qui, jadis, était aux côtés de tous les peuples revendiquant leur autodétermination. La Russie a opté pour l'épreuve de force avec les Tchétchènes, d'où le risque d'une aggravation du conflit. K. A.