Près de 600 000 électeurs de Tchétchénie doivent élire demain leur nouveau président lors d'un scrutin sous haute tension mais sans surprise : le candidat soutenu par le Kremlin, Alou Alkhanov, est le grand favori. Il va succéder à Akhmad Kadyrov, tué dans un attentat à Grozny le 9 mai dernier, alors que la deuxième guerre tchétchène, commencée le 1er octobre 1999, entre dans sa sixième année. Les opérations d'envergure, lancées ces derniers mois par les rebelles, en Ingouche voisine et à Grozny même, ont montré que la normalisation souhaitée par le Kremlin était loin de se réaliser. Les 430 bureaux de vote seront sous forte surveillance policière, sans compter l'armée russe stationnée en permanence en Tchétchénie. Pour donner l'apparence d'un scrutin pluraliste, sept candidats sont en lice. Mais, les jeux sont faits, l'issue du scrutin est jouée d'avance : Alou Alkhanov, le ministre de l'Intérieur tchétchène, est officiellement soutenu par le président russe Vladimir Poutine. Officier de police de 47 ans, néophyte en politique et peu connu jusqu'il y a peu en Tchétchénie, le candidat du Kremlin n'a jamais caché sa préférence pour le camp russe à la rébellion indépendantiste. Lui-même se présente comme l'héritier de Akhmad Kadyrov installé par le Kremlin. Face à lui, aucun réel adversaire, la plupart des candidats étant des fonctionnaires de l'administration tchétchène pro-russe ou ses partisans, comme Vakha Vissaïev, conseiller de la présidence tchétchène. Les rebelles dénoncent une élection-spectacle et le président indépendantiste Aslan Maskhadov a menacé de mort la marionnette qui sera élue dans un contexte d'attaques rebelles défiant le pouvoir jusque dans Grozny, comme la semaine dernière, quand des rebelles ont pris pendant plusieurs heures le contrôle de deux quartiers et tué au moins trente soldats et policiers. L'élection d'aujourd'hui se déroule dans un climat de tension encore accru par la double catastrophe aérienne de mardi en Russie, qui a fait 90 morts et qui a été revendiquée par un groupe islamique peu connu affirmant avoir agi pour soutenir les séparatistes. Les enquêteurs ont retrouvé des traces d'explosifs sur les débris d'un des deux appareils et affirment étudier de près la piste de deux passagères, qui seraient tchétchènes. D. B.