Incertitudes Pour la Russie, la mort du président tchétchène est un coup dur et ne fera que radicaliser le conflit tchétchène. Les autorités tchétchènes ont procédé, hier, à l?arrestation de cinq personnes après l?attentat qui a coûté la vie, hier, dimanche, au président pro-russe Akhmad Kadyrov. «Cinq suspects ont été interpellés et l'on vérifie actuellement leur participation éventuelle à l'attentat à l'explosif», a déclaré le porte-parole du ministère tchétchène de l'Intérieur cité par l'agence Interfax. La mort du président ruine les efforts en vue d'une «normalisation» de la situation menés par le président russe Vladimir Poutine, au lendemain de l?entame de son second mandat présidentiel. Elle met aussi à mal le volet de la politique extérieure russe consistant à convaincre la communauté internationale que le conflit tchétchène ? considéré comme une affaire intérieure par Moscou ? était quasiment réglé et ne devait plus être soulevé. L'attentat à l'explosif, perpétré malgré le dispositif de sécurité très lourd mis en place autour d'Akhmad Kadyrov, n'a pas été revendiqué. S'il est le fait des séparatistes tchétchènes, il dément la thèse officielle selon laquelle ces derniers seraient sur la défensive et l'ex-président indépendantiste, Aslan Maskhadov, sur le point d'être arrêté. Mais surtout, la bombe du stade de Grozny risque de porter un coup fatal à la «tchétchénisation» du conflit, qui consistait à transférer graduellement aux Tchétchènes la responsabilité de la sécurité dans la République caucasienne et à y réduire d'autant le rôle des forces fédérales russes. Cette évolution, unique voie acceptable pour le Kremlin compte tenu de son refus total de négocier avec les séparatistes, se heurtait à l'opposition cachée de responsables militaires dont certains trouvent en Tchétchénie des sources d'argent et d'avancement et dont d'autres n'ont jamais fait confiance à Kadyrov. Le président tchétchène était considéré comme la cheville ouvrière de cette politique, dont l'objectif officieux était d'éliminer le «trou noir» tchétchène, théâtre de violations des droits de l'Homme, de corruption et de trafics divers. Le pétrole notamment, extrait localement, est vendu frauduleusement et représente une source de revenus importants, partagés entre des forces officiellement opposées. Quoique impopulaire, voire haï et craint par la population, l'ancien mufti avait un poids politique certain. Il pouvait se poser en interlocuteur des «anciens» des teïps, les clans tchétchènes, dont l'autorité a survécu à toutes les secousses sanglantes et aux divisions entre indépendantistes et partisans d'un arrangement avec Moscou.