Ils refusent que leur corporation soit gérée par l'administration relevant du ministère des Finances. Les professionnels, affiliés à l'Ordre des experts-comptables, des commissaires aux comptes et des comptables agréés (Onecc), boycotteront l'élection d'un nouveau conseil national, décidée par le ministère des Finances conformément à la loi en vigueur. Les articles de cette loi n°10-01, qui a pour objet de déterminer les conditions et modalités d'exercice des professions d'expert-comptable, de commissaire aux comptes et de comptable agréé, prévoient la création d'un conseil national de la comptabilité placé sous l'autorité du ministre chargé des Finances. Ce conseil a pour mission l'agrément, la normalisation comptable, l'organisation et le suivi des professions comptables. Pour la création de ce conseil, il a été mis en place une commission ad hoc qui devait préparer, dans un délai maximum de trois mois, les élections du conseil national de l'Onecc, celui de la Chambre nationale des commissaires aux comptes et celui de l'organisation nationale des comptables agréés. Le président du conseil national de l'Ordre, M. Hamdi Mohamed-Lamine, dénonce la constitution qu'il juge “irrégulière” de cette commission ad hoc à la fois dans sa composante et l'application des textes qui l'instituent. M. Hamdi évoque, également, des anomalies dans les modalités appliquées pour l'organisation de cette élection. “L'on note l'inexistence d'un règlement intérieur et un manque de transparence dans le choix des candidats. Nous ne savons pas comment ce vote se déroulera, de quelle manière il sera contrôlé”, déplore-t-il. Face à une telle situation, l'Onecc a demandé à la justice de suspendre cette élection. Mieux, au cours d'un congrès extraordinaire tenu hier à Alger, les professionnels ont décidé à l'unanimité de boycotter ce vote dans sa globalité. Par ailleurs, M. Hamdi Mohamed-Lamine estime que le mandat des membres, composant l'actuel conseil national, court jusqu'au mois de juin prochain. “Nous sommes dans la légitimité. Nous avons jusqu'à juin prochain pour convoquer les instances réglementaires afin de renouveler notre conseil”, affirme M. Hamdi d'un ton ferme. Selon lui, il y a eu “violation” de la loi en question par les textes d'application eux-mêmes. Il en veut pour preuve la liquidation de l'Ordre décidée par les textes d'application alors que cette mesure n'a pas été prévue par la loi. Afin de contrecarrer les décisions prises par la tutelle, l'Onecc a procédé, hier, au cours du congrès à l'élection du conseil régional centre. Le président de l'Ordre justifie le bien-fondé de sa démarche (élection) par le fait que cette instance a accepté, “sous une quelconque influence” sa propre liquidation. “Le conseil régional centre est défaillant et a remis les clés au liquidateur. D'où notre décision de renouveler sa composante”, explique-t-il. Devant pareil constat, l'Onecc demande un amendement profond et une révision fondamentale de la loi qui, relève M. Hamdi, n'est pas compatible avec les intérêts de la profession, des professionnels voire de l'économie nationale. “La dispersion de la corporation en trois catégories, cette dépendance de la tutelle administrative imposée par le ministère des Finances sont autant de paramètres qui dévient la profession de sa mission principale qui est la sauvegarde des intérêts des professionnels et la confection de l'information financière au profit de l'économie nationale”, souligne-t-il. En outre, la marge de manœuvre de l'Algérie vis-à-vis des instances internationales (FMI et Banque mondiale) devient, d'après l'Ordre, “vulnérable et peu crédible par le fait de l'exclusion des professionnels”. Pour le président de l'Onecc, la loi a été “détournée et viciée pour servir des intérêts occultes”. Ce qui le pousse à revendiquer son “abrogation ainsi que celle des textes d'application jugés illégaux et en parfaite contradiction les uns les autres”. De leur côté, les stagiaires comptables, experts-comptables et commissaires aux comptes organisent, aujourd'hui, un sit-in devant le ministère des Finances afin de régulariser leur situation.