L'Algérie silencieuse face à la violence de l'Etat Le Salon de l'emploi et de l'entrepreunariat, organisé les 19 et 20 avril à Alger, constitue une initiative positive à encourager. C'est une excellente opportunité pour mettre en contact directement les diplômés avec les entreprises en vue d'un recrutement. Ce type de rencontres, à multiplier, fournit une image parfaite d'une Algérie à deux vitesses. D'une part, une économie dynamique composée de grandes entreprises privées, de filiales de sociétés étrangères implantées dans le pays en quête de cadres à fort potentiel, leur offrant des salaires et un cadre de travail de rêve. D'autre part, une économie anachronique composée d'entreprises publiques en difficulté ou gérées administrativement, destructrices d'emplois et de richesses, servant à leurs cadres et autres employés des salaires de misère. Mais en dépit d'un environnement défavorable et de changements qui ne sont pas au rythme souhaité, une élite, sortie des grandes écoles à l'étranger ou en Algérie, est en train de se constituer. Un gage non négligeable pour l'avenir de notre pays. À court terme, le constat n'est pas aussi rose. En effet, en dépit d'une série de mouvements de protestation depuis janvier dernier, la machine “création d'emplois” tourne toujours au ralenti. En l'occurrence, le nombre de dossiers de financement de microentreprises sous la formule Ansej ayant atteint aujourd'hui seulement 3 000. Un nouvel indice que la politique de l'emploi en Algérie, pourtant renforcée par les mesures de février dernier, fait fausse route. En effet, les dispositifs Ansej et Cnac, même renforcés, ne régleront pas le problème du chômage élevé des jeunes en Algérie. Beaucoup d'argent aura été dépensé pour les nouvelles très petites entreprises à encourager, pour des résultats a priori aléatoires faute de suivi et d'un véritable coaching. Juste de quoi calmer de façon éphémère la colère des jeunes. Les entreprises existantes devront, elles, attendre le soutien de l'Etat. Alors que la meilleure réponse au chômage hyper-élevé des jeunes, quitte à le répéter, consiste à appuyer l'entreprise de production. Beaucoup d'opérateurs se plaignent, en effet, du climat des affaires. Ils pointent du doigt particulièrement la bureaucratie, l'accès au foncier, au financement. En raison de ces difficultés, ils n'envisagent pas de recruter. Libérées, ces entreprises sont susceptibles, pourtant de créer beaucoup d'emplois et de richesses. Finalement, le système politique actuel, tournant le dos aux entreprises dynamiques, aux intellectuels, aux chercheurs, aux économistes, aux étudiants et aux simples citoyens, entretient un profond malaise social. Avec une telle attitude, on suscite l'effet boomerang. En un mot, à force d'attiser le feu, on risque de se brûler. K. R. [email protected]