L'Algérie, à l'instar de la communauté internationale, célèbre le 1er Mai, la Fête internationale du travail. Cette journée puise son origine dans l'histoire des revendications pour une amélioration des conditions de travail et de vie. Pour le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), le temps et les adaptations locales de l'évènement ont entraîné une banalisation de la signification originelle de cette journée, ne donnant aucune prise de conscience des autorités publiques pour améliorer la situation des travailleurs algériens. “Nous vivons dans la précarité, et le gouvernement ne veut même pas voir la réalité et apporter une solution à la situation des travailleurs”, a déclaré Idir Achour, porte-parole du syndicat du CLA à Liberté. Ce dernier explique que, depuis 1994, la situation des travailleurs ne cesse de se détériorer. Selon lui, le licenciement massif, l'érosion des salaires ainsi que la politique de contractualisation, prônée par le gouvernement, ont créé une situation de précarité qui a poussé les travailleurs à des mouvements de contestation dans plusieurs secteurs, notamment dans la Fonction publique. “Cette année encore, la Fête du travail intervient dans un contexte socioprofessionnel marqué par la grogne sociale”, déplore-t-il. Pour Idir Achour, la contestation, qui touche tout le pays, est tout à fait légitime puisqu'elle exprime “leur mécontentement ainsi que leur refus à subir une misère imposée par une mauvaise gestion des richesses”. À propos des mesures prises par les autorités publiques pour apaiser le front social, le CLA estime qu'“en réalité, il n'y a aucune mesure prise concernant le régime indemnitaire, encore moins sur la grille des salaires”. Par ailleurs, les déclarations faites par le gouvernement sont qualifiées de “trompe-œil, destiné à calmer la grogne sociale que vit le pays”. Concernant les augmentations annoncées, M. Idir précisera qu'elles sont “déjà absorbées par l'inflation, ainsi que par la détérioration du pouvoir d'achat”. Le responsable syndical soutient également que les mesures prises pour baisser le taux de chômage, notamment la facilité d'acquisition des crédits pour la création des petites entreprises et que l'emploi de jeunes, ne sont qu'“une solution à court terme à défaut de créer d'une vraie allocation-chômage”. Le CLA ne se fait pas d'illusion sur l'ouverture politique annoncée par le gouvernement. Sur ce registre, son porte-parole signale que les syndicats n'ont toujours pas obtenu leur agrément. “Il faut nous expliquer en quoi consiste l'ouverture politique, car même le droit de manifester et d'exprimer sa colère est encore interdit, voire même confisqué, en Algérie”, précise-t-il. À la question se rapportant au silence de la Centrale syndicale, alors que le front social est en ébullition, Idir Achour répond sans hésitation : “L'UGTA est le partenaire social de l'Etat. L'UGTA ne représente plus les travailleurs algériens puisque ce syndicat adopte toutes les décisions du gouvernement au détriment des intérêts des travailleurs.” Le porte-parole du CLA tient néanmoins à saluer certains syndiqués de l'UGTA qui, allant à l'encontre de leurs dirigeants, ont mené des grèves et qui ont paralysé plusieurs secteurs névralgiques du pays afin de faire valoir leurs droits.