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Une Longue histoire de désamour
Presse et pouvoir
Publié dans Liberté le 03 - 05 - 2011

La relation date d'un peu plus de vingt ans. Elle a été inaugurée par la loi d'avril 1990 et la mise en place du Conseil supérieur de l'information du gouvernement Hamrouche, qui a libéré une partie du champ médiatique. Celle de la presse écrite. Pour la radio et la télé, la 2e mi-temps n'a pas eu lieu, d'abord chahutée par l'arrivée des islamistes puis par le carton rouge de Bouteflika, dès son élection en 1999, avec son auto-désignation en tant que rédacteur en chef des médias. Rétrospective.
Débordé de partout, Chadli, avec la révision de la Constitution en 1989, qui a ouvert le champ politique, a été aussi forcé à le faire avec les médias. Il ne faut pas oublier que la profession alors cantonnée au secteur public a été la première à revendiquer une presse libre, libérée des entraves du parti unique et des directives de l'Etat. Dès 1988, le premier martyr des événements d'Octobre fut notre confrère de l'APS, Benmechiche, tué par une balle près du siège de la DGSN. L'oubli ne doit pas effacer la mémoire collective même si rien n'est fait pour rappeler, voire marteler, ces faits d'armes qui forgent une nation, y compris lorsque ses responsables font dans l'oubli. Dès 1990, des titres naissent dans la douleur avec les moyens du bord et les économies des premiers journalistes-éditeurs mais avec cette satisfaction d'être enfin libre comme seul un journaliste en rêve et peut l'être. Et ce fut le rêve et la révolution des titres qui naissent chaque jour. Il en a été comptabilisé 425, toutes périodicités confondues. La plupart n'ont duré que l'espace d'un temps insuffisant pour s'imposer sur le marché. Les compétences éditoriales étaient certaines, celles du managériat inexistantes. Le journal était une affaire de copains qui tentaient une admirable aventure intellectuelle. Mais l'aventure a toujours une fin si elle ne passe pas à la vitesse de croisière. Combien d'écueils traversés non sans mal par ces aventuriers de l'information qui sont partis d'un titre gouvernemental vers un titre indépendant, en si peu de temps.
El Khabar a failli disparaître si ce n'était l'intervention du ministre de l'Information de l'époque (1991) en l'occurrence Abou Bakr Belkaïd qui l'a aidé à surmonter ses difficultés financières. Il ne souhaitait pas que le seul journal en langue arabe qui défendait les valeurs républicaines disparaisse. J'en étais le témoin puisqu'à l'époque, je travaillais à ses côtés. Idem pour l'Expression suspendu par un chef de gouvernement, Belaïd Abdesselam, pour ne pas le citer. À l'époque, l'écriture primait sur la gestion et les réunions de rédaction sur celle du managériat. Il ne pouvait y avoir que l'information, trop d'information, partagée entre le sécuritaire et l'Algérie en cessation de paiement.
La première mission était de défendre la République et partant donner coûte que l'information même sécuritaire, d'une part, et dénoncer les actes terroristes, d'autre part.
Entre le marteau et l'enclume, la profession a choisi la République aux dépens de sa vie. Le choix ayant été déjà fait. Malgré les interdictions du ministère de l'Intérieur qui brandissait à chaque fois la menace de suspension pour la publication d'information sécuritaire non autorisée, plus d'une fois le bras de fer était en faveur des éditeurs qui ont fait preuve d'une solidarité à toute épreuve. Comme le jour où fut assassiné un magistrat de la cour d'Alger et que le lendemain était attendue une délégation d'hommes d'affaires français de petite importance. Ordre a été donné de passer sous silence cet assassinat. Comme un seul homme, les éditeurs ont refusé l'injonction. Le lendemain, la plupart des titres avaient donné l'information. Il s'agissait de Benkraouche Mokhtar, procureur général adjoint, tué le 12 juin 1996 à 7h30.
Je ne connaissais pas ce martyr mais je n'arrivais pas à comprendre comment l'Etat pouvait occulter l'assassinat d'un de ses commis, et ce, quelle que soit la raison (d'Etat). En cette année, la liste des innocents et des intellectuels assassinés était déjà longue. Liberté a perdu quatre de ses meilleurs collaborateurs dans des conditions atroces. Comment ne pas en parler ?
Heureusement que les écrits restent et les oukases de certains chefs de gouvernement aussi. Si avec certains, le courant arrivait à passer, avec d'autres il était exécrable et je ne citerai que Belaïd Abdesselam avec son imprimatur au niveau des sociétés d'impression et sa fameuse note sur la “publicité publique”, distillée au compte-gouttes aux titres obéissants, toujours en vigueur à ce jour, étant exhumée par ses successeurs. Pour permettre à d'autres titres de parasiter l'environnement médiatique. Cause perdue parce que le lecteur, au contraire de l'électeur qui va ou non à l'isoloir voter et ne paie rien et de plus on ne sait pour qui il va voter. C'est ce qu'on appelle un acte citoyen. Mais se trouver chez son kiosquier pour acheter son journal du matin, cela relève d'un acte volontaire qui coûte 10 DA. C'est la différence si en plus il faut rappeler à tous ces élus, à tous les niveaux, que le journal continue d'exister quand le produit d'urnes “pas très propres” n'a qu'un mandat ou deux d'existence.
Cette relation avec le pouvoir, même si ce dernier trouvait en cette presse naissante mais aux dents acérées un allié de taille, était rarement au beau fixe. Combien de suspensions abusives, sous le couvert de dettes, ont été ordonnées ? Combien d'emprisonnements par la loi du plus fort ont été exécutées par des juges aux ordres ? Mesures de guerre en période de guerre mais la corporation n'a jamais baissé les bras. Jamais, il n'y eu autant de solidarité qu'à cette époque (1994-1998). Je me rappelle cet édito du directeur d'El Watan, Omar Belhouchet avec ce titre : “Libérez ABROUS” en date du 5 décembre 1995 alors que je venais d'être kidnappé en zone internationale et mis en prison à Serkadji, voisin de geôle de Hachani qui m'a asséné cette phrase : “Ceux qui m'ont arrêté t'ont arrêté. Nous menons le même combat.” Que répondre à cette affirmation dont la première partie est vraie, sinon : “C'est vrai que c'est le même pouvoir qui nous a amenés ici mais me concernant pour d'autres raisons que les vôtres.” La solidarité chez les démocrates était telle que je fus libéré au bout de six jours mais le journal suspendu pour 15 jours. Combien de jours sans presse avons-nous imposés par solidarité avec des confrères interdits d'impression ? La plus longue grève a duré 21 jours jusqu'au moment où des lecteurs se sont proposés pour participer au règlement de nos dettes, simples prétextes. Admirable époque de l'Algérie-société civile ! Avec des marches grandioses et des leaders qui ont fini, pour certains, par vendre leur âme au diable. Arrive le président Bouteflika qui a promis monts et merveilles avec ses discours qui avaient une longueur d'avance sur le courage de Zeroual qui avait avoué penaud mais sincère à une citoyenne à l'hôpital Mustapha : “Que voulez vous que je fasse, madame ?” Impudents ou inconscients, nous avons été jusqu'à titrer en pleine une “Démissionnez”, alors qu'il reste à ce jour le président le mieux élu par les urnes.
1999 : Bouteflika, candidat annoncé officiellement avait promis un entretien à notre journal. Rendez-vous était pris à 15h au siège de la Fondation Boudiaf. Pendant une heure, il nous a tenus à H.Ouandjeli, directeur de la rédaction et à moi-même un discours presque révolutionnaire sinon salutaire pour le pays exsangue.
Le titre en pleine page du lendemain était celui-ci : Il ne faut pas que Abassi Madani juge la longueur de la jupe de Khalida Messaoudi, et cette dernière de la longueur de la barbe de Abassi Madani.
Elu, le président volubile a commencé à chasser partout. Il était l'icône et l'idole du peuple avec ses sorties et ses discours spontanés sur la refonte de l'école et la réforme de la justice avec des commissions comprenant entre autres la pasionaria Khalida Toumi pour l'école et le professeur Mohand Issad, qui vient de nous quitter, pour la justice. La presse aussi y avait cru. Surtout quand Saïd Sadi nous avait adressé sa célèbre “Lettre à mes amis de la presse” en juin 2000. Rusé, le Président savait qu'il n'y avait que Sadi qui était à même de nous ramener à plus de “raison”.
Installé, le Président a fini par laminer la société civile irréductible et a récupéré la société “raisonnable”. Ce n'est pas pour autant qu'on avait un moment de répit avec les procès à répétition. Jamais, il n'y eut autant de procès que sous ses mandats, avec la pénalisation du délit de presse introduite dans le code pénal. Avec les fameux articles 144 bis et 144 bis que sortent à chaque fois les juges pour les caricatures de Dilem, même si à son deuxième mandat, il a effacé toutes les peines des affaires jugées mais en attente au niveau de la Cour suprême. C'était en 2005.
Ce que Zeroual n'a pas fait malgré les attaques de journalistes qui n'y allaient pas avec le dos de la cuillère.
C'est dire que le chemin de croix a été dur, pénible et intolérant avec le pouvoir d'une part et de survivre avec la menace terroriste au quotidien. Plus d'une centaine de confrères ont été assassinés. Qui se rappelle encore de ces mardis ? Mardi, jour de l'offrande d'un des nôtres à la horde terroriste.
Il y a dix ans, jour pour jour, le président du syndicat des magistrats avaient invité quelques directeurs de journaux pour une journée sur le thème “Presse et justice”. C'était à Tlemcen. Je me suis entendu dire au président du syndicat : “C'est la première fois que suis à côté d'un magistrat. D'habitude, il était toujours en face de moi” Ce magistrat avec lequel nous avions de bonnes relations est l'actuel ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité Sociale.
Prenons 2004, année des élections, la presse dans sa majorité a pris position pour Ali Benflis mais pas contre Abdelaziz Bouteflika. C'était un choix éditorial dicté par un bilan plus que mitigé du candidat sortant mais ce dernier l'a mal pris.
Celui qui n'est pas avec lui est contre lui. Plus tard, cette presse “récalcitrante” connaîtra les foudres du locataire d'El-Mouradia et avait été traitée de taîbate el hammam.
Au cours de sa fonction de président, Bouteflika a sollicité tous les journalistes étrangers, invités de marque, qui ont voulu faire le déplacement mais combien de fois a-t-il reçu la presse nationale ? Cela se compte sur les doigts d'une seule main. Combien de fois l'a-t-il invitée à faire partie de sa délégation quand il est en visite officielle ? Pour certains titres, facilement reconnaissables pour leur esprit critique, jamais.
C'est dire aussi que contrairement à d'autres cieux, où il y a des briefings formels ou informels, chez nous, il n'y a en jamais eu. Que ce soit de lui, du Premier ministre ou du ministre des Affaires étrangères qui est à même de donner le pouls de notre diplomatie en panne et expliquer les zones d'ombre ou d'incompréhension dans ce monde de la mondialisation. Ensuite, ils pointent un doigt accusateur sur cette presse qui n'aime pas son pays et objet de toutes les manipulations tant internes que, plus grave, externes. L'argument ne tient plus. Il est usé à force d'être sorti depuis des années.
Avoir 20 ans, c'est peu dans la vie d'un journal mais cela constitue des années durement vécues et cela me rappelle le film de René Vautier Avoir 20 ans dans les Aurès.
Aguerrie, la presse se constitue et se prépare à l'âge adulte.
Grâce à la génération montante qui fait fi des pouvoirs, de la censure et de l'autocensure, et qui veut s'affirmer en dehors des cercles de décision. La révision annoncée de la loi sur l'information est une opportunité à saisir pour faire du futur texte dont ils seront les premiers initiateurs non pas une autre loi sur l'information mais une loi de la liberté d'expression. Ce n'est qu'à ce prix et qu'à cette condition que le journaliste pourra instaurer le contact mais surtout la distance avec le pouvoir. Quel qu'il soit.
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