Les rivaux Fatah et Hamas ont scellé hier la réconciliation au Caire, mettant un terme à la division entre la Cisjordanie et Gaza et ouvrant la voie à des élections dans un an. L'accord, conclu après un an et demi de tractations infructueuses, est vivement critiqué par Israël qui y voit un renforcement du mouvement islamiste Hamas qu'il considère comme une organisation terroriste. Des représentants de 13 groupes ainsi que des personnalités indépendantes ont signé l'accord après des entretiens avec des responsables égyptiens, dont le chef des renseignements Mourad Mouafi. Outre le Fatah au pouvoir en Cisjordanie et le Hamas qui contrôle Gaza, le Jihad islamique, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche), le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP, gauche) ou le Parti du peuple palestinien (ex-communiste) l'ont également ratifié. “Nous avons signé l'accord malgré plusieurs réserves. Nous tenons à mettre en avant l'intérêt national”, a dit Walid el-Awad, membre du comité politique du Parti du Peuple, à la télévision égyptienne, sans préciser ces “réserves”. “Les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie vont célébrer cet accord. Nous devons œuvrer maintenant pour le mettre en application”, a-t-il ajouté. Des entretiens entre le président Mahmoud Abbas, chef du Fatah, et le chef du mouvement islamiste Hamas Khaled Mechaâl, sont attendus en soirée. Tous deux se trouvent dans la capitale égyptienne, mais n'ont pas signé personnellement l'accord. Ils participeront aujourd'hui à une cérémonie officielle au Caire en présence du chef de la Ligue arabe Amr Moussa, du ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil el-Arabi et de M. Mouafi. L'accord prévoit la formation d'un gouvernement d'indépendants pour préparer des élections présidentielle et législatives simultanées dans un délai d'un an. Il a été annoncé le 27 avril au Caire. “L'accord entre le Hamas, qui appelle à la destruction de l'Etat d'Israël, et le Fatah doit inquiéter tous les Israéliens, mais aussi ceux qui aspirent à la paix entre nous et nos voisins palestiniens”, a déclaré le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu. M. Netanyahu, qui s'apprête à effectuer des visites à Londres et à Paris, entend mettre en avant cet accord pour dissuader la communauté internationale de reconnaître un Etat palestinien sans règlement préalable avec Israël. Un haut responsable du Fatah a toutefois assuré que le futur gouvernement serait avant tout chargé de la gestion de Cisjordanie et Gaza, et que M. Abbas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) continueraient de suivre le dossier des négociations de paix, pour le moment dans l'impasse. “Le rôle du gouvernement se limitera aux questions administratives concernant la vie des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie”, a déclaré au Caire Azzam el-Ahmad, chef de la délégation du Fatah. “Mais toutes les questions politiques, y compris les négociations du processus de paix, resteront de la responsabilité de l'OLP”, a-t-il dit. L'accord interpalestinien prévoit la création d'un Haut conseil de sécurité, en vue de la future intégration des unités de sécurité des différents mouvements dans une force de sécurité “professionnelle”, d'une commission électorale et la libération de détenus du Fatah et du Hamas. Après la signature, les deux parties s'attelleront à la constitution d'un exécutif transitoire d'indépendants, pour remplacer les gouvernements de Salam Fayyad pour l'Autorité palestinienne et d'Ismaïl Haniyeh pour le Hamas. Cet accord constitue un premier succès diplomatique pour l'Egypte depuis la chute du régime du président Hosni Moubarak, en février, sous la pression de la rue.