Résumé : Les frères Belkacem et Mokrane déjeunent seuls pour une fois. Leurs parents ne semblaient pas près de les rejoindre, tandis que le reste de la famille n'osait pas s'attabler sans leur présence. Le mystère plane et cela devient de plus en plus intriguant pour eux. 17eme partie Des éclats de voix leur parvenaient et Ghenima qui était revenue dans la grande salle tendit l'oreille avant de lancer : - Que se passe-t-il donc ? Père semble en colère, et mère encore plus. - Laisse tomber Ghenima, la coupe Mokrane. Nous saurons tôt ou tard les raisons de ce chahut. En attendant, appelle tes belles-sœurs, et tes neveux, et mettez-vous tous à table. Je pense que nos parents finiront par se rendre compte que l'heure du déjeuner est déjà passée, lorsque leurs estomacs commenceront à gargouiller. Ghenima sourit, puis ressort dans la cour pour appeler Zineb et Fatiha, et les trois enfants de Mokrane qui jouaient à saute-mouton. - Allez, depêchez-vous tous, nous allons déjeuner, et tant pis pour les absents. Fatiha lui jette un regard curieux, tandis que Zineb hoche la tête d'un air entendu : - On dirait qu'il y a le feu là-haut. - Mêle-toi de tes loques, lui dit son mari sur un ton qui n'incitait pas trop aux interrogations. Zineb fit asseoir ses enfants, avant de se mettre elle-même à côté de Fatiha, tandis que Ghenima s'occupait du service. Les femmes commencèrent à manger en silence, alors que les hommes se levaient déjà pour ressortir. Mokrane devrait repartir aux champs, tandis que Belkacem avait une commission à effectuer auprès d'un commerçant. Avant de quitter les lieux, Mokrane s'adresse à sa sœur : - Ne t'inquiète pas Ghenima, père et mère finiront par nous rendre compte de leur dispute. Mais à mon avis, la raison ne doit pas être aussi sérieuse qu'elle en a l'air, sinon, père nous aurait tous retenus pour nous en parler. - Je l'espère, mon frère, mais je n'ai jamais vu nos parents dans cet état. - Je sais, petite sœur, je sais… Il lui tapote la joue, avant de remettre son burnous et de rejoindre Belkacem qui l'attendait au seuil de la porte d'entrée. Pendant ce temps, Da Kaci et sa femme Zouina continuaient à vociférer : - Je n'arrive pas encore à l'admettre, répétait sans cesse Zouina, non je ne l'admets pas. Ce vieux fou avec, avec… Les mots lui restèrent à travers la gorge. Elle se remet à pleurer : - Ma pauvre Ghenima, j'espérais un meilleur parti pour elle. Combien de fois avons-nous refusé sa main ? Hein Kaci ? Dis-moi, combien de fois, nous avons refusé la main de Ghenima à des jeunes gens de sa génération. Beaux, jeunes, travailleurs et issus de familles les plus nobles. Da Kaci hausse les épaules, d'un air indifférent : - Et alors ? Où est le problème ? Aïssa n'est-il pas issu d'une famille noble, et de surcroît riche comme pas un. - Je n'ai que faire des biens d'un homme qui a enterré toutes ses femmes, et qui va bientôt enterrer notre fille avec ta bénédiction. Sais-tu au moins qu'au village, on refuserait de lui donner la fille la plus idiote. Même celle dont la réputation, n'est pas des plus saines, refuserait de l'épouser. Et toi tu viens m'annoncer comme ça que tu viens de lui accorder la main de Ghenima, notre fille unique ! - Que veux-tu, c'est le mektoub femme. Nous ne pouvons rien devant les décisions du destin. - Ah, il a bon dos, ce mektoub. Tu te caches derrière ce mot alors que tu sais que tu viens de commettre la plus ignoble des bêtises. (À suivre) Y. H.