La tempête médiatique, soulevée par Yacef Saâdi et Louisette Ighilahriz, n'aura été que le fruit d'une interprétation erronée des propos tenus par Yacef Saâdi le 26 avril dernier, lors de la projection du documentaire Fidaiyate. C'est, en tout cas, la thèse défendue par la productrice du documentaire, Lamia Gacemi, qui a réuni la presse hier. Affirmant que le but recherché par la réalisation du documentaire était de faire la lumière sur la participation des femmes à la Révolution, la productrice se défend de vouloir faire du mal à quiconque ou de soulever une quelconque polémique historique. Reconnaissant que le documentaire en question a soulevé des remous, malgré le fait qu'il ne soit jamais diffusé par la télévision, la productrice fera remarquer que Mme Ighilahriz n'a jamais visionné le documentaire de 52 minutes. Lamia Gacemi, affirmant être mandatée par Yacef Saâdi pour restituer les choses dans leur contexte, rappelle que lors de la projection du documentaire, le 26 avril passé, un hommage devait être rendu à Yacef Saâdi. Ce dernier, répondant à la question d'une journaliste, avait, alors affirmé que “Ighilahriz n'a jamais travaillé avec nous”, comprendre par-là, selon la productrice, qu'elle ne faisait pas partie de son réseau. Mieux, Yacef Saâdi, qui ne veut pas répondre directement à Ighilahriz, distribue à des journalistes et à la productrice, une vidéo où apparaît le général Faulque, filmé à son insu et qui affirmait que lors de l'arrestation de Yacef Saâdi, ce dernier “n'avait donné personne”. Une façon de se défendre de l'étiquette qui lui colle depuis toujours. Yacef Saâdi a choisi, donc, ce procédé, pour se défendre, estimant que s'il parlait, aujourd'hui, “ses propos seraient mal interprétés”, dixit la productrice du documentaire. Cela étant, le documentaire, dont la réalisation a duré plus de deux ans, a été refusé par l'ENTV, l'an dernier, au motif que ce dernier s'inspirait grandement du film la Bataille d'Alger. Dans le documentaire, Ighilahriz y figure, de même que Yacef Saâdi. Ce dernier a, d'ailleurs, fourni l'essentiel des archives à la productrice. Mais, dans le documentaire, aucune allusion à la polémique qui a alimenté la presse nationale ces derniers jours. En tout état de cause, la polémique entre deux figures de la révolution a atteint des seuils tels que même la justice, sollicitée par Ighilahriz, ne pourrait résoudre. D'ailleurs, l'on murmure que des personnalités historiques tenteraient, en ce moment, de réconcilier les deux figures, du moins, les inciter à enterrer la hache de guerre. À une année de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance que l'on voudrait fêter comme il se doit, du côté officiel, il est malheureux de constater que l'histoire de la révolution reste truffée d'erreurs, d'histoires personnelles que l'on voudrait transformer comme vérités absolues, de rumeurs et d'étiquettes. Des faux moudjahidine existent comme il existe des collaborateurs avec l'armée française, comme il existe aussi des règlements de comptes qui se sont terminés souvent par des éliminations physiques. Alors, tous des anges, ou tous des démons ? La question ne devrait pas être posée si l'histoire avait été confiée à de vrais historiens.