Une femme blessée et en colère. Telle était, hier, à la maison de la presse Bachir Attar, la moudjahida Louisette Ighilahriz, qui a dénoncé, au cours d'une conférence de presse, les propos « insupportables » et « ignominieux » de Yacef Saâdi, mettant en doute sa qualité de moudjahida. Yacef Saâdi avait déclenché les hostilités en marge de la présentation de « Fedayate », un film documentaire de Lamia Gacemi, en persiflant sur des « femmes qui prétendent avoir pris part à la guerre mais ce sont des menteuses qui excellent dans l'art de faire de la comédie ». Yacef Saâdi citait ensuite nommément Louisette Ighilahriz, qui fait partie des moudjahidate qui témoignent dans le documentaire en déclarant qu'elle «n'a aucun rapport avec la révolution». Yacef Saâdi a mis un petit bémol à ses propos en affirmant qu'il voulait tout simplement dire qu'elle n'était pas dans son réseau dans la zone autonome d'Alger. Mais en même temps, il en a rajouté une louche en déclarant à Djazaïr News qu'il « défiait » Louisette Ighilahriz de laisser un médecin l'ausculter pour vérifier « les traces de balles sur son corps ». Des propos qui ont rajouté à l'indignation de la moudjahida qui s'est excusée de ne pouvoir, « par décence », se mettre à nu devant l'assistance mais qui s'est dit tout à fait disposée à laisser les médecins l'ausculter. Très marquée par l'attaque, Mme Ighilahriz a évoqué son « parcours tumultueux de souffrance et de privation » en soulignant qu'elle l'a choisi. Elle s'est interrogée sur les raisons de la sortie de Yacef Saâdi: est-ce le fait que le film documentaire «empiétait sur son monopole» de la narration de l'histoire ? «S'il refuse de démissionner, ce ne sera qu'un lâche» Elle a annoncé qu'elle allait le poursuivre en justice et lui a demandé, « s'il est un homme », de se démettre de son poste de sénateur afin de ne pas se cacher derrière l'impunité que lui donne ce statut. « S'il refuse de démissionner, ce ne sera qu'un lâche ». Elle a évoqué les propos de son tortionnaire le capitaine Graziani qui lui déclarait pourquoi elle s'entêtait à ne pas parler alors que d'autres se sont mis à table sans difficulté. A des questions de journalistes qui cherchaient une mise en cause précise de Yacef Saâdi, Mme Ighilahriz s'est abstenue de répondre. Elle s'est bornée à indiquer qu'elle disposait de documents et qu'elle les réservait pour un éventuel procès. Une ancienne militante de la Wilaya 4 a dénoncé les propos de Yacef Saâdi en les qualifiant de « lamentables ». Une autre moudjahida de la fédération a évoqué des démarches en cours pour rendre publique une déclaration commune des moudjahidate sur l'affaire. Mohamed Moulay s'est dit attristé de ces « déchirements » en soulignant que les Ighilahriz sont une famille de militants et de moudjahidine. Une conférence de presse, quelque peu chaotique, où il était manifeste qu'une moudjahida a été profondément blessée par l'attaque personnelle. Tout indique que la polémique n'est qu'à ses débuts.