Algérie et Maroc : quelles convergences économiques ? est le titre d'un ouvrage signé Camille Sari, paru chez Cabrera Editions, Paris, 2011, en partenariat avec Gnôsis-Editions de France et “Marocains du monde”. Dans sa préface, le docteur Abdelhak Lamiri souligne les aspects pratiques de la publication, pour le plus grand bénéfice, aussi bien des étudiants que des décideurs, lorsqu'il s'agit d'envisager sérieusement les possibilités d'intégration des économies de l'UMA. Grâce aux nombreux exemples présentés de manière claire et simplifiée, exemples tirés des expériences des ex-pays de l'Est, l'aspect pratique illustre les développements théoriques de l'ouvrage. Le travail de Camille Sari vient combler un manque criant d'études sur l'intégration maghrébine. Un manque qui commence à peser aussi bien aux élites qu'aux peuples “qui n'attendent que la mise en pratique de mécanismes d'incitation forts pour s'investir massivement dans une telle aventure” et qui “réclament haut et fort la mise en place d'une stratégie de collaboration, à l'instar des pays européens et, à un degré moindre, des pays du Golfe pour tirer profit des atouts dont dispose la région”. Le travail de Camille Sari est centré sur les questions monétaires : endettement, taux de change, inflation, productivité et le reste. L'auteur, selon le docteur Lamiri, “fait bien de décrire en profondeur ces thèmes car ce sont les instruments de régulation, les outils que doivent manipuler les pouvoirs publics pour aboutir à un système de coordination harmonieux”. Car, pour ce qui est des investissements, des projets concrets, de collaboration scientifique, etc., ce seront les acteurs du terrain qui auront à gérer le processus : hommes d'affaires, scientifiques, ONG, syndicats et simples citoyens des deux pays (Algérie et Maroc) n'attendent qu'un signal fort de la part des pouvoirs politiques pour commencer à construire le Maghreb de demain. L'ouvrage aborde la question d'une monnaie commune entre les deux pays, Algérie et Maroc, et comment en déterminer la valeur. Selon C. Sari, “l'architecture d'une monnaie commune maghrébine partira d'un statut de la monnaie lui conférant une valeur pour aboutir à une détermination de la valeur relative (VRM) de la monnaie qui n'est rien d'autre que le rapport entre les valeurs propres de deux monnaies”. Plus loin, l'auteur précise sa pensée : “Le point central de cet ouvrage est de comprendre comment un taux de change répondant uniquement à une décision des autorités publiques (sans connexion avec le marché et la valeur relative de la monnaie qui résulterait de données économiques objectives) est à l'origine de déséquilibres financiers et d'une activité soutenue sur le marché parallèle des changes.” En somme, tout un programme qui éclairerait les décideurs sur l'à-propos de leurs décisions économiques, leur efficience et leur fiabilité sur le terrain du réel. Camille Sari affirme que “le poids de la dette, les déséquilibres des paiements extérieurs et la faiblesse de la production nationale à répondre aux besoins des ménages sont à l'origine du développement du marché parallèle des devises. En Algérie, celui-ci prit tellement d'ampleur que le taux qui s'y exprima commanda le taux officiel. Dès lors, le discours sur la convertibilité paraît peu crédible”. L'ouvrage, une brique de plus de 450 pages, constitue une somme de réflexions en mesure de faire avancer les choses dans un espace prometteur, celui du Maghreb, qui demeure, hélas, depuis l'utopie créatrice qui remonte à 1958, toujoursa en panne