Les partisans de Benflis et les proches du Président se disputent le contrôle du Syndicat national des magistrats. La quatrième assemblée générale ordinaire du Syndicat national des magistrats (SNM) que préside Mohamed Ras El-Aïn, dont les travaux se sont ouverts jeudi 9 octobre, à l'hôtel Riadh de Sidi-Fredj, s'est terminée en queue de poisson. Après une séance houleuse, où on a frôlé l'irréparable, le conseil national, grâce à un compromis arraché difficilement, a décidé de reporter de l'assemblée pour probablement le mois de juin prochain. Soit après la tenue de l'élection présidentielle. Raisons de l'apparition des dissensions : la récente sortie du président du syndicat à propos de la décision de la cour d'Alger contre la tenue du congrès extraordinaire du FLN et quelques amendements introduits dans les nouveaux statuts. Mais, l'enjeu semble être au-delà : qui, des deux cercles, qui s'affrontent aujourd'hui sur la scène politique, prendra le contrôle du syndicat ? C'est du moins ce qui transparaissait à travers la manière dont s'est déroulée l'assemblée. Retour sur une assemblée loin d'être ordinaire. Il est 10 heures. Le président Ras El-Aïn prononce l'allocution d'ouverture des travaux. Dans son discours, le président du SNM rappelle les points inscrits à l'ordre du jour et explique les objectifs assignés au syndicat. “Les magistrats vivent aujourd'hui une situation fluctueuse, ce qui a permis l'instrumentalisation de la justice. Nous vivons une conjoncture particulière qui interpelle la conscience des juges. Les magistrats doivent accepter la contradiction et doivent démontrer leur indépendance dans le comportement et l'action”, dit-il. “Il était de mon devoir d'animer une conférence de presse pour alerter les juges et l'opinion sur cette affaire”, ajoute-t-il encore à propos de sa sortie publique sur la procédure “illégale” engagée contre le FLN. Il a également appelé le ministère de la Justice pour une AG “pour examiner la charte de l'éthique et de la déontologie” non sans exiger que le Haut conseil de la magistrature doit être autonome de l'administration. Alors que le bilan financier et moral devait être débattu, un membre du bureau demande la parole : “Il faut qu'on s'éloigne de la politique à six mois des élections.” “Le procureur général d'Oran est un traître”, accuse-t-il. La tension monte alors d'un cran. Deux juges se lèvent. “Tu n'a pas le droit de faire des commentaires sur le président”, accusent-ils. Ras El-Aïn tente de maîtriser la situation : “Excusez-moi, déclare-t-il, je veux mener le syndicat à la démocratie. L'AG est souveraine. Je suis prêt à démissionner s'il le faut.” Il rappelle à l'assistance qu'il subit “des pressions de la part des ministres”. D'autres juges prennent à leur tour la parole : “Ils veulent nous diviser entre juges de l'Est et de l'Ouest”, accuse l'un d'eux. Un autre reprend : “Y a-t-il ici des juges qui ont peur?”. “On n'est pas ici pour commenter une décision de justice”, explique un autre. Certains reprocheront au bureau d'avoir présidé l'AG. Alors que certains membres du bureau quittent régulièrement la tribune, les portables collés aux oreilles, le procureur général du tribunal de Sidi-M'hamed s'approche du micro. “Je rends hommage au procureur général de la cour d'Alger. Il a des qualités que n'a pas le président du SNM.” Il n'en fallait pas plus pour semer la zizanie, en dépit de l'appel à la raison de certains. “Elle est venue en mission”, susurre un magistrat. L'assemblée entre dans le cycle infernal d'accusations mutuelles et de bataille de procédures. L'amendement portant élection du président par l'AG suscite des mécontentements, certains accusent le président de l'avoir intégré en catimini. “Il l'a rajouté à l'insu du bureau”, accuse un juge. C'est alors que le bureau ainsi que de nombreux magistrats, dont certains sous la pression, quittent la salle. L'assemblée s'égare dans des palabres interminables et devant l'absence de quorum, 88 présents seulement sont constatés par le huissier, il a été décide, après un compromis, du report de l'AG. “C'est une lutte entre Batna et Tlemcen”, résume un juge sous le sceau de l'anonymat. Il était déjà 19 heures passées. KARIM KEBIR Tout en s'attaquant à la gestion de Bouteflika Taleb déposera plainte contre Zerhouni Lors de sa visite de deux jours à Sidi Bel Abbès, le docteur Taleb Ibrahimi a abordé les sujets d'actualité comme celui de la gestion de Bouteflika qui, selon lui, est en train de mener le pays vers l'inconnu. Concernant l'agrément de son parti Wafa, l'ex-ministre s'est contenté de dire que Zerhouni règle ses problèmes personnels avec les moyens de l'Etat. Il a, par ailleurs, affirmé que son mouvement déposera incessamment plainte contre le ministre de l'Intérieur, M. Nouredine Yazid Zerhouni. S'agissant de l'image du pays à l'étranger, le docteur soulignera que, durant son long périple qui l'a conduit dans plusieurs capitales, celle-ci se ternit de jour en jour. C'est le pouvoir, a-t-il ajouté, avec sa gestion opaque et unilatérale, marquée de répression et de fuite en avant, qui a terni l'image du pays. Pour ce qui est de la crise de la Kabylie, l'orateur n'est pas allé par trente-six chemins pour pointer un doigt accusateur sur le pouvoir, qui selon lui, a monté les archs contre les partis politiques de la région. L'ex-ministre conclura que l'avancée démocratique, dont se targue le peuple algérien, a connu son déclin depuis l'arrivée de Bouteflika. B. Hakim PRESIDENTIELLE 2004 La candidature de Djaballah se précise Au moment où Djaballah fustigeait Bouteflika à partir de Skikda, sa base constantinoise, la plus importante du pays, a proposé et plébiscité sa candidature pour 2004. Hier, à Constantine, c'est le numéro deux du parti, Lakhdar Ben Khellaf, qui a présidé une rencontre régionale consacrée aux restructurations organiques et au redéploiement du parti en prévision des futures rendez-vous, principalement l'échéance de la présidentielle de 2004, qui a donné le ton. C'est dans ce cadre que l'assistance a demandé “officiellement” au président du mouvement El-Islah de se présenter à la présidentielle. À décoder, selon le langage des formations populistes, Djaballah appelle sa base militante à le plébisciter. Toujours à partir de Constantine, les Islahistes ont donné un aperçu de la teneur de leur future campagne électorale, en réitérant leurs positions conservatrices à l'égard des réformes de l'école et de l'économie. Le parti El-Islah a décoché, à partir de la ville de Benhamouda, une flèche en direction des acteurs de la tripartite en prévenant contre l'exploitation des difficultés que rencontrent les travailleurs pour la “réalisation d'objectifs politiques douteux”. La veille, soit jeudi, c'est le président du mouvement en personne qui est allé prêcher la parole de son parti auprès de ses élus locaux. Djaballah fustigea la démarche actuelle visant la bipolarisation de la scène politique. Il dénonça la distribution par Bouteflika de sommes faramineuses “dans une ambiance théâtrale” tout en demandant la préservation des ressources du pays. Djaballah, avant de dire toute sa satisfaction de la prestation de ses élus siégeant dans les assemblées locales, a fait part, à partir de sa tribune, d'accords secrets passés entre l'Algérie et l'Otan dans le cadre de la mondialisation. M. KEZZAR/Z. REDA ABOU DJERRA SOLTANI À CHLEF “La situation est explosive” Au cours de sa rencontre, organisée jeudi dernier, à Chlef, avec les militants et les sympathisants de son parti, Abou Djerra Soltani, le leader du MSP, a évoqué bon nombre de sujets. Il a parlé notamment du plan de relance économique qui, selon lui, n'a pas donné les résultats escomptés. Selon lui, les ingrédients du 5 octobre 1988 sont réunis aujourd'hui, “c'est pourquoi, les différentes crises ne font que se multiplier et prendre continuellement de l'ampleur”. Abou Djerra Soltani a également évoqué la situation du préfabriqué à Chlef. Il rappellera, à ce sujet, que 19 ans après le tremblement de terre qui avait secoué la ville d'El-Asnam, l'argent destiné à la reconstruction de la ville de Chlef n'avait pas encore été utilisé, “quant aux séquelles de cette grande catastrophe naturelle, elles demeurent toujours vivaces”. Cependant, le leader du MSP a entièrement occulté la question qui touche, entre autres, la situation relative à la presse indépendante, et aussi celle de la scène politique nationale actuelle. AHMED CHENAOUI