Le président du Conseil de la nation se serait plaint au président de la République de ce que le code communal ait été modifié par le bureau du président de l'Assemblée nationale, une fois la loi votée. Le président de l'APN trouve anormal qu'une “Assemblée désignée” puisse “bloquer une loi adoptée par une Assemblée élue” ! Il ne lui en faut pas plus pour trouver que “l'existence du Conseil de la nation n'a aucune utilité”. Ce qui est vrai, mais vrai aussi pour l'Assemblée nationale. La seule utilité des deux studios d'enregistrement, c'est de faire illusion — l'illusion d'institutions constitutives d'une République — c'est-à-dire… d'exister. Mais tout en étant à la tête d'une de ces deux virtualités institutionnelles, Ziari se prend au sérieux et la proclame “institution élue”. Or, lui-même sait qu'il a été désigné pour conduire une liste, désigné pour être élu à la tête d'une assemblée qui n'a eu besoin que de 11% des électeurs algériens pour être installée et, soi-disant, légiférer. Son prédécesseur, Saâdani, a eu la spontanéité de remercier le président de la République pour “la confiance qu'il a placée en lui” à l'issue du “vote” de ses pairs supposés l'avoir choisi pour occuper le perchoir ! En s'en prenant au Sénat, Ziari illustre un vieux proverbe local : “L'écorchée se rit de l'égorgée !” Sûr de la légitimité électorale de son assemblée, celui qui a déclaré que “l'alternance au pouvoir est une invention coloniale imposée à l'Afrique”, pour justifier le coup d'Etat constitutionnel de 2009, nous inflige sa réforme monocamérale, pour se débarrasser des “désignés” qui ont dénoncé le faux en transcription de loi dont la direction de l'APN s'est rendue coupable. Et de vouloir nous imposer le système actuel, qu'il appelle système semi-présidentiel (sans préciser de quoi est faite l'autre moitié constitutive du régime, en tout cas, pas de parlementarisme). “Pour les trente ou quarante ans prochains”, car, dit-il, pour la période concernée, le système parlementaire restera simplement “dangereux” — pour qui ? — parce que la carte politique actuelle fera dégager un régime tribal, régionaliste. Un peu comme si le régionalisme attendait le système parlementaire pour être inventé, alors qu'il suffit de consulter les lieux de naissance des ministres et des principaux titulaires des postes-clés de la République pour se rendre compte que le régionalisme est une caractéristique essentielle de l'actuel régime dit “semi-présidentiel”. Une caractéristique à peine assortie d'une dose de clientélisme. (Ziari ne précise pas de quoi est faite l'autre moitié constitutive du régime). Il se trouve que c'est le chef du Sénat qui est chargé de conduire les consultations et la formulation du contenu de la prochaine réforme. Ce qui est probablement à l'origine de l'irritation du chef des députés, en plus de la révélation sur les triturations post-adoption du code communal. Mais le paradoxe est ailleurs quand, dans la cuisine du sérail, il est dans le fait que, partout ailleurs dans notre région culturelle, l'heure est au départ du système et que, chez nous, assurés qu'ils sont de leur éternité, nos dirigeants s'occupent à organiser “leurs” réformes, en fonction de leurs ambitions clanique et individuelle. M. H. [email protected]