C'est un Sidi-Saïd qui choisissait prudemment ses mots pour mieux répondre à ses détracteurs et pour inviter, indirectement, les participants à ne pas rallier le mouvement de contestation au sein de son organisation qui intervenait au 12e congrès de wilaya de l'Union générale des travailleurs algériens, UGTA, qui s'est tenu jeudi dernier dans l'enceinte de l'entreprise publique Leader meuble de Taboukert, dans la wilaya de Tizi Ouzou. “La démocratie syndicale, qui a toujours prévalu au sein de notre organisation, permet à tout syndicaliste de critiquer à l'intérieur de ses instances et de signaler toute défaillance constatée mais sans hypocrisie, violence ou marchandage”, a déclaré le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, en s'adressant aux congressistes mais, surtout, aussi à ses détracteurs. “On ne se remet pas en cause dans l'anarchie, en scandant n'importe quoi”, dira-t-il à l'endroit de ces derniers avant d'asséner : “Intervenir en dehors des instances de l'organisation est une déviation et une immoralité.” À ce titre, le patron de la Centrale syndicale n'a pas hésité à rappeler la circulaire d'avril dernier portant sur les directives organisationnelles du syndicat du pouvoir et, en ce sens, d'insister sur le fait de faire représenter toutes les structures de l'organisation par des élus syndicaux mandatés par les travailleurs. “C'est ça la démocratie à l'intérieur de notre organisation”. Lors de son intervention, Abdelmadjid Sidi-Saïd ne se contentera pas de répondre à ses détracteurs au sein de l'UGTA, puisqu'il s'adressera aussi aux syndicats autonomes envers lesquels il dit n'avoir ”aucune animosité”. “Quel intérêt avons-nous à les attaquer. Notre préoccupation, c'est la situation des travailleurs et, eux aussi, ils se battent pour les intérêts des travailleurs. On a un grand respect pour les syndicats autonomes mais qu'ils cessent, eux aussi, de nous attaquer gratuitement” a déclaré l'orateur, ajoutant, comme voulant enterrer la hache de guerre : “Entre nous et les syndicats autonomes il y a juste une différence de méthode et de vision : nous privilégions le dialogue, cet instrument universel de règlement des conflits à la place de la contestation. Notre devoir n'est pas d'enflammer les gens.” Abordant le sujet de la tripartite consacrée aux questions économiques, qui aura lieu le 28 mai prochain, le patron de l'UGTA a annoncé que son organisation a déjà arrêté un cahier de propositions de nature à promouvoir la production nationale, et ce, à travers l'encouragement de son augmentation qui ne manquera pas de produire un impact positif sur l'emploi, les salaires, le pouvoir d'achat et la réduction de la dépendance des importations. Selon Sidi-Saïd, l'UGTA a également ouvert d'autres chantiers, entre autres, les nouveaux cadrages juridiques des conventions de branches, du SNMG, des retraites et des emplois des jeunes à soumettre prochainement à la tripartite sociale. S'agissant de ses orientations aux unions de wilaya, le patron de l'UGTA a surtout insisté sur la syndicalisation à l'intérieur du secteur privé et du travail à domicile, et à réfléchir comment contourner le refus de la représentation syndicale dans les entreprises étrangères.