L'Algérie est absente de la 64e édition du prestigieux Festival de Cannes. En revanche on en parle beaucoup à travers trois femmes, comédiennes d'origine algérienne, issue de l'immigration en France. Il s'agit de Hafsia Herzi, Sabrina Ouazani et de Leïla Bekhti qui partagent le haut de l'affiche du film. À noter que Hafsia Herzi (de mère algérienne) est présente avec un deuxième film en compétition. Il s'agit de L'Apollonide (Souvenirs de la maison close) de Bertrand Bonello qui propose une immersion dans l'univers des maisons closes du début du XXe siècle. Elle soutient donc le réalisateur du Pornographe, qui a remporté le Grand Prix de la Semaine internationale de la critique en 2001, qui tente sa chance dans la quête du Graal. Pour revenir à La Source des femmes, tournée au Maroc, il raconte l'histoire d'un groupe de femmes dans un petit village, quelque part entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, qui décide de faire la grève du sexe. Cette grève initiée par Leïla, jeune mariée, vise à changer la tradition qui impose aux femmes de chercher l'eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb. C'est avec ces trois femmes que le réalisateur de Va, vis et deviens (2005) et du Concert (2009) gagne sa première sélection cannoise et part à la conquête de la Palme d'or. Par contre pour les comédiennes, elles ne sont pas à leur baptême cannois. Elles ont même pris goût au tapis rouge. Mais avant d'y arriver, le chemin parsemé de défis et de combats, a été très long. Retour sur des ascensions fulgurantes. D'abord celle de Hafsia Herzi, celle-ci est née en 1987 à Manosque d'un père tunisien et d'une mère algérienne. Elle fait ses débuts à 13 ans avec un petit rôle dans Notes sur le rire, un téléfilm pour France 3. Ses espoirs d'avoir un rôle dans les séries Plus belle la vie et Sous le soleil se sont vite évaporés. En 2005, elle obtient son baccalauréat STT et décroche un rôle pour la Graine et le Mulet d'Abdellatif Kechiche avec lequel elle gagne, en 2007, le Prix Marcello-Mastroianni (jeune acteur ou actrice) lors de la 64e Mostra de Venise, suivi en 2008 du César du meilleur espoir féminin. Après ce succès, elle prend des cours de théâtre, de diction et de droit. En 2007, elle se consacre au cinéma et elle enchaîne les films aussi bien pour la télévision que pour le cinéma : Ravages (téléfilm) de Christophe Lamotte, Française de Souad El-Bouhati (2008), l'Aube du monde de l'Irakien Abbas Fahdel (2009), un Homme et son Chien, de Francis Huster (2009) les Secrets de Raja Amari. (2010)Ensuite, celle de Leïla Bekhti qui est née au sein d'une famille d'origine algérienne installée en France. Elle obtient son premier rôle dans Sheitan (2005) de Kim Chapiron avec Vincent Cassel qui remporta un grand succès populaire. La même année elle joue aux côtés de Smaïn dans Harkis d'Alain Tasma. Roshdy Zem l'engage pour son film Mauvaise Foi et elle cartonne avec l'Instinct de mort de Jean-François Richet. En 2009, elle fait sensation à Cannes avec un Prophète de Jacques Audiard. Depuis, elle a enchaîné les tournages. En 2011, elle épouse Tahar Rahim et remporte le César du meilleur espoir féminin, pour le rôle de l'impétueuse Lila dans Tout ce qui brille de Géraldine Nakache et Hervé Mimran. Enfin celle de Sabrina Ouazani. Elle est née le 6 décembre 1988 à Saint-Denis de parents d'origine algérienne. Sa première expérience remontre en 2004 avec l'Esquive d'Abdellatif Kechiche. Ce premier rôle est consacré par une nomination pour le César du meilleur espoir féminin en 2005, qui revient finalement à Sara Forestier. Tout en poursuivant ses études, elle enchaîne d'autres films et téléfilms dont 2007 : Paris de Cédric Klapisch (2007), Adieu Gary de Nassim Amaouche (2009) et Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois. Cette, avec ces compatriotes, elle va chercher la Palme d'or à la source, en haut des marches cannoises. Au passage, elles suscitent passion et sèment l'émoi sur la Croisette.