“Nous rejetons les critiques infondées de l'Initiative nationale pour la dignité du journaliste (Indi) sur la manière dont nous menons les débats avec l'ensemble des éditeurs et de la corporation des journalistes regroupés au sein du Syndicat national des journalistes et de la Fédération nationale des journalistes algériens”, a déclaré en substance, dimanche, à Oran, Nacer Mehal, ministre de la Communication. Celui-ci fera part de son étonnement devant “cette situation qui complique les choses au lieu de les résoudre”. Il déniera le caractère de partenaire de l'Indi, “dépourvu d'agrément”. Et d'ajouter : “Nous avons besoin de la collaboration effective du SNJ et de la FNJA pour réfléchir ensemble sur les moyens à mettre en œuvre pour aboutir à un consensus autour de l'avant-projet du code de l'information.” Le message du ministre de la Communication est clair sur la participation des représentants des journalistes à la mouture finale de la nouvelle loi de l'information. Pas question d'associer au dialogue les nombreux collectifs et les associations des journalistes. Présents en force, les journalistes ont littéralement assailli le ministre de questions pertinentes concernant la dépénalisation du délit de presse, la défense du droit d'exercer le métier sans entraves de quelque nature que ce soit, la défense des droits professionnels et l'ouverture du champ médiatique. Les journalistes exerçant dans les journaux locaux ont soulevé les problèmes de fond inhérents aux salaires et aux assurances sociales. Evoquant ces aspects dans leur cadre juridique, le ministre de la Communication a exhorté les journalistes à saisir la justice. Mais l'absence du suivi du statut du journaliste de 2008 qui ne répond plus aux exigences de l'heure semble relancée. Le ministre promet d'y remédier en apportant des modifications profondes. Des journalistes dénoncent que certaines rédactions locales fonctionnent sans journalistes alors que les plaintes s'entassent au niveau de l'Inspection du travail. Les journalistes “vident leur sac” devant certains éditeurs qui accusent le coup sans broncher. Une journaliste interpelle le ministre sur le chantage dont elle est victime de la part de l'entreprise qui l'emploie. “Nous n'avons pas de cartes professionnelles, pas de contrats de travail, pas de Sécurité sociale, nous touchons entre 6 000 et 12 000 dinars pour des années de travail. C'est une injustice caractérisée.” Le ministre intervient à son tour pour répondre à tous les journalistes sur le ton de la confidence. “Je suis scandalisé par ces situations dont j'ignorais l'existence jusqu'au 3 mai (Journée internationale de la presse, ndlr) où j'ai commencé à recevoir du courrier de la part des journalistes lésés.” Il saisit au vol les récriminations des journalistes pour un accès garanti à l'information ainsi qu'à l'obligation des institutions de s'ouvrir aux journalistes. Dans la foulée, plusieurs journalistes ont proposé l'attribution de la carte professionnelle de journaliste après un délai de 2 ans de stage. Le délit de diffamation responsabilisant l'éditeur est maintenu tandis que le nouveau texte de loi protège de façon drastique le journaliste, a assuré Nacer Mehal. Curieusement, le projet d'amendement du code pénal n'a pas mentionné l'article 298 du code pénal qui stipule pour “une diffamation dirigée à l'encontre des individus, la condamnation est d'une peine de prison allant de cinq jours à six mois et de 8 000 à 50 000 DA ou de l'une des deux peines”.