Au cours d'un point de presse, le chef de la diplomatie algérienne a considéré “positive” cette 6e session du Conseil d'association entre l'Union européenne et l'Algérie qui s'est clôturée à Luxembourg hier matin. Quatre heures. Deux heures dimanche soir et deux heures lundi. Quatre heures pour cette session, c'est à la fois peu et beaucoup. Mais au bout de cette rencontre, selon Mourad Medelci, les partenaires européens sont en mesure de mieux comprendre les “spécificités algériennes”. Pour l'Algérie, cette réunion annuelle a permis de “mieux faire connaître les objectifs qui sont les siens”. Une manière comme une autre de faire savoir que de nettes divergences existent encore entre l'Algérie et ses partenaires européens mais que le dialogue reste ouvert. Mourad Medelci a confirmé que le principe du report du démantèlement tarifaire à 2020 était acquis et que l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) serait conclu “au plus tard à la fin de l'année”. L'Union européenne est certes satisfaite des avancées réalisées lors des dernières sessions de consultation sur le démantèlement tarifaire mais elle manifeste toutefois son souhait de “définir avec l'Algérie de nouvelles perspectives” en tentant de promouvoir “le climat des affaires” et en évitant “autant que possible d'ajouter des procédures trop contraignantes pour les opérateurs”. En d'autres termes, les Européens réitèrent leurs critiques des 51 et 49% en mettant en exergue la génération de “fortes inquiétudes” au sein du monde des affaires en Europe entraînant “un effet très négatif sur les investissements étrangers directs actuels et futurs en Algérie”. S'agissant de l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce, cette session a permis à l'Union européenne de réitérer sa volonté de soutenir la candidature algérienne en se déclarant “prête à relancer les négociations multilatérales et bilatérales”. Pour Mourad Medelci, non seulement l'engagement européen a été renouvelé à Luxembourg mais les Etats-Unis ont également manifesté leur volonté de soutenir notre pays dans cette démarche alors que le “mémorandum de l'Algérie a été transmis il y a plus d'un an au groupe de travail qui se réunit à Genève”. REUNION EN SEPTEMBRE DU SOUS-COMITE POLITIQUE, SECURITE ET DROITS DE L'HOMME La mise en place du sous-comité Dialogue politique, sécurité et droits de l'Homme, décidé par le conseil d'association, et dont se félicitent les 27 dans leur déclaration, démontre que le dialogue “constructif et ouvert” se poursuit alors que l'Union européenne confirme son souhait de tenir “la première session de ce dialogue au mois de septembre 2011”. Les Européens, qui se félicitent de la levée de l'état d'urgence, encouragent les autorités algériennes à poursuivre les réformes annoncées par le président de la République le 15 avril dernier. L'Algérie était fort réticente à adhérer au concept de la Politique européenne de voisinage (PEV) mais le partenariat renouvelé, mieux ajusté aux spécificités de chaque pays partenaire, est de nature à trouver maintenant un écho favorable du côté algérien. “Les choses bougent”, a déclaré Mourad Medelci, et l'Union européenne s'autoévalue également en mettant en place une approche “plus intéressante”. Dans ce sens, le nouveau document, qui doit encore être validé par les MAE, permettrait de réaliser du “sur-mesure” avec chaque pays concerné. L'axe fort de la coopération euro-algérienne demeure l'énergie. Dans ce domaine, notre pays a prouvé qu'il restait un partenaire stable et fiable. L'Algérie continue à investir dans ce secteur mais notre pays ne peut en aucun cas se confondre seulement avec un exportateur de gaz et de pétrole, comme en témoigne le récent accord conclu avec la partie espagnole. Pour le chef de la diplomatie algérienne, il convient en effet de permettre la consolidation des produits algériens en les distribuant sur le continent européen sans omettre le segment des énergies renouvelables. En matière de réadmission “cela marche bien” avec les pays avec lesquels l'Algérie a signé de tels accords et “progressivement l'Union européenne va porter cette question à son niveau, a observé Mourad Medelci, mais “il n'y a pas encore de négociations avec l'Union européenne” sur cet aspect de la politique migratoire bien qu'une proposition ait été émise par la partie européenne. En évoquant le volet de la circulation des personnes et de l'octroi de visas, Mourad Medelci a mis en évidence le cas français qui connaît un “léger mieux”. Pour le ministre algérien des Affaires étrangères, l'évolution des pays européens va toutefois dans le sens d'un accord global et l'Algérie doit se préparer à cette situation nouvelle sans pour autant considérer que nous connaissons la fin des accords avec chaque pays concerné. Il a ainsi fait état de l'accord franco-algérien de 1968 en soulignant que son homologue français, Alain Juppé, avait confirmé lors de son récent passage à Alger “le caractère exceptionnel de ces relations”. Sur le plan international, les points de vue convergent mais avec des nuances. Ainsi, en ce qui concerne la Libye, la nécessité de parvenir rapidement à une solution “politique” de la crise sous l'égide des Nations unies a été notée dans la déclaration de l'Union européenne mais aucun arrêt des raids aériens n'a été mentionné et l'Union européenne confirme son appui à “la transition démocratique en Tunisie et en Egypte”. Les 27 encouragent aussi les efforts visant à “la coopération sud-sud” et rappelle son “attachement” à l'intégration maghrébine. Ils expriment leur “satisfaction d'une implication accrue des pays du Maghreb dans la coopération régionale visant à améliorer la sécurité et la prospérité de la région saharo-sahélienne” et note en particulier “les approches novatrices en matière de négociations à propos du Sahara occidental”. L'Union européenne déclare ainsi soutenir les efforts du secrétaire général des Nations unies en vue de parvenir à “une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”.