Le pire des échecs n'est pas seulement de le subir, mais de le reconnaître et de continuer à en subir. Après quatre ans de coopération et de partenariat avec l'Union européenne, l'Algérie attend toujours les fruits de cet Accord d'association. D'ici-là, les échecs se succèdent et le déficit est flagrant pour notre pays. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a énuméré hier dans une intervention, faite à partir de Luxembourg, sur les ondes de la Radio algérienne internationale, les mécontentements affichés par l'Algérie vis-à-vis de ses partenaires européens. Selon M.Medelci, l'Algérie pointe du doigt d'abord les obstacles auxquels font face les opérateurs algériens pour placer la production locale sur les marchés européens. En effet, les opérateurs nationaux ont soulevé, maintes fois, les contraintes qu'ils rencontrent dans la commercialisation de leurs marchandises dans les pays membres de l'UE. M.Medelci qualifie cet état de fait de constat réel. L'Algérie a établi un constat similaire concernant ses exportations hors hydrocarbures. M.Medelci a reconnu que la balance des échanges commerciaux hors hydrocarbures est en faveur de l'UE. Le diplomate algérien estime que l'Algérie a vraiment besoin de travailler davantage dans ce sens. L'invité de la Radio algérienne internationale évoque, par la même occasion, la présence «marginale» et «insignifiante» des investisseurs européens en Algérie. L'Algérie revendique, conformément aux clauses ratifiées dans cet accord et relatif aux investissements, une présence de plus en plus importante des opérateurs européens en Algérie. Or, depuis l'entrée en vigueur de cet accord, les Européens n'ont pas respecté leurs engagements. Dans le domaine des services, l'Algérie a enregistré en 2008, un déficit supérieur à 3 milliards de dollars. La balance est, aussi, favorable à l'UE. En données chiffrées, l'Algérie exporte pour 2,2 milliards de dollars, alors qu'elle importe pour 5,4 milliards de dollars. Sur le volet humain, l'Algérie attend, encore et toujours, un geste de la part des Européens. Il s'agit, bien entendu, du sujet relatif à la libre circulation des personnes. Ce chapitre est considéré par l'Algérie de «très important». Aujourd'hui, l'Europe ne veut faire de notre pays qu'un gendarme qui va surveiller le flux migratoire. Le Vieux Continent se dirige de plus en plus vers une nouvelle politique de l'immigration. Selon les dires de Mourad Medelci, qui conduit la délégation algérienne qui participe aux travaux de la 4V session du Conseil d'association UE-Algérie, qui s'est tenue hier à Luxembourg, l'UE s'est montrée compréhensive vis-à-vis des préoccupations de l'Algérie. «Nous avons trouvé en face de nous, un partenaire compréhensif et même positif.» La réunion, d'hier a permis, selon M.Medelci, de dégager de nouveaux mécanismes qui permettront aux deux parties d'atteindre les objectifs tracés lors du processus de négociations. Cela, tant, sur le plan, politique qu'économique et humain. Lors de cette même intervention, le même interlocuteur a annoncé la tenue à Alger, en octobre ou en novembre prochain, du premier forum des opérateurs économiques européens. «C'est le problème le plus important et nous avons décidé d'impliquer davantage l'Union européenne dans la mobilisation des acteurs européens dans le territoire économique algérien», a t-il dit. A propos de la dimension humaine, l'Algérie a présenté un nouveau projet aux Européens dans lequel elle demande d'attribuer beaucoup plus de liberté à la circulation des Algériens. «Nous avons décidé de trouver de nouveaux accords sur la circulation des personnes avec tous les pays européens», a-t-il ajouté. En outre, M.Medelci a annoncé la mise en place d'un groupe de travail qui veillera à débloquer les contraintes que dénoncent les opérateurs algériens, qui ne sont pas nombreux, pour la commercialisation de leurs marchandises en Europe. Sur la question de l'énergie, il a annoncé que les deux parties cherchent à trouver un meilleur moyen de coopération. A propos de la situation au Sahel, le ministre annonce la tenue «très prochaine» à Bamako d'un sommet des chefs d'Etat des pays concernés.