L'Algérie et l'Union européenne ont conclu à la nécessité de mettre rapidement en place un groupe de travail pour examiner les entraves et les contraintes qui découragent les opérateurs économiques algériens exportant vers l'Union européenne. C'est ce qu'a affirmé hier le chef de la diplomatie algérienne Mourad Medelci à Luxembourg lors de la quatrième session du conseil d'association UE-Algérie. «L'UE a accepté évidemment de constituer ce groupe de travail que nous allons mettre en place rapidement», a précisé le ministre des Affaires étrangères, M. Medelci, selon l'APS. Rappelons que l'accord d'association qui lie les deux parties a fait l'objet d'innombrables critiques de la part notamment du patronat. Ces derniers soulèvent les carences existant dans l'accord chaque fois que l'occasion se présente. Même son de cloche du côté des officiels, qui parlent eux aussi des inégalités perçues dans le document mis en œuvre en 2005. Selon M. Mohamed Zaaf, directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, «pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars». Selon les chiffres officiels, les importations algériennes de l'UE ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars à 20,8 milliards de dollars en 2008 alors que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE restent insignifiantes, s'établissant à un milliard de dollars en 2008. Outre cette question nodale, les deux parties ont décidé hier de donner une «dimension opérationnelle» à leur coopération économique. L'autre volet abordé lors de cette session qui s'est tenue au Grand Duché du Luxembourg, en marge du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE, est l'investissement, considéré par l'Algérie comme l'un des premiers problèmes qui se posent à ce partenariat. «Parce que c'est le problème le plus important, nous avons décidé d'impliquer davantage l'Union européenne dans la mobilisation des acteurs européens sur le territoire économique algérien et, ensemble, pour la première fois de l'histoire, nous allons organiser un forum des opérateurs économiques européens à Alger», a confié M. Medelci à l'issue de cette réunion. Il dira que «ce forum aura lieu en octobre ou, au plus tard, en novembre de cette année, et je dois dire que nous travaillons sur ce projet depuis plusieurs mois». C'est un événement qui «se penchera sur un sujet d'importance pour l'Algérie, celui de la relance des investissements directs des européens», a affirmé la même source. Par ailleurs, les deux parties se sont penchées sur les volets concernant la coopération institutionnelle et l'accompagnement de l'UE dans la mise en œuvre des réformes en Algérie. Le ministre a évoqué à cet effet le programme national PIN (Programme indicatif national) qui se décline sur la période de 2007 à 2011. «Nous sommes en train de préparer la prochaine période 2011-2013», a rappelé le ministre, lequel estime que le premier programme sur 4 ans se déroule «dans des conditions que nous avons évaluées et que nous considérons comme perfectibles». Il explique qu'«il y a dans le dispositif actuel de fonctionnement du système budgétaire avec l'Union européenne une procédure extrêmement lourde qui fait qu'on n'arrive pas à bien consommer nos crédits, dans les délais requis». Après avoir examiné cette question, sur proposition de l'UE, les deux parties ont donné leur accord, pour la prochaine période de planification, pour le changement du système afin de mettre en place des budgets globaux au lieu de budgets par projet. «Nous appelons cela des systèmes d'appui budgétaire et ce sont des sommes [d'argent] qui rentreraient donc au niveau du Trésor et qui seraient utilisées sur la base d'un programme global arrêté d'un commun accord», a précisé le ministre, estimant que «c'est une expérience développée par l'UE avec d'autres partenaires et qui donne de bons résultats». Medelci a souligné dans le même sillage que «les Européens ont bien compris cela. Ils l'ont admis et il nous appartient, nous Algériens, évidemment, de développer l'ingénierie pour concrétiser toute cette démarche sur le terrain et d'obtenir des résultats, dans la mesure où l'on travaillerait, cette fois-ci, sur des procédures d'utilisation de ces crédits qui sont des procédures algériennes et non des procédures communautaires». S. B. Un sous-comité sécurité, défense, droits de l'Homme pour l'accord d'association Le cadre de négociations de l'accord d'association sera «bientôt renforcé» par un sous-comité sécurité, défense, droits de l'Homme, a annoncé hier à Luxembourg le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci. «Sur le terrain des droits de l'Homme, nous avons proposé que cette question soit examinée à la faveur de consultations qui ont trait à la fois à de questions sécuritaires, de défense et à celles concernant les droits de l'Homme», a déclaré M. Mourad Medelci à l'issue de la quatrième session du Conseil d'association UE-Algérie. Il a ajouté à ce sujet que l'UE a accepté la proposition de l'Algérie d'ajouter un nouveau sous-comité pour traiter ces trois questions ensemble à la série des sous-comités qui existent déjà et sont opérationnels. Pour rappel, la demande de l'UE de mettre en place un sous-comité «droit de l'Homme» remonte à 2005 et avait été évacuée de l'agenda bilatéral en raison d'une différence d'approche entre les deux parties. La partie algérienne a proposé la mise en place d'un sous-comité politique, droits de l'Homme, PESD (politique européenne de sécurité défense), tandis que la Commission européenne ne voulait qu'un sous-comité des droits de l'Homme. R. E.